Catalina Martin-Chico (à droite sur la photo) est une photoreporter franco-espagnole. © Fateme Sagheb

Catalina Martin-Chico, à droite sur la photo, est une photoreporter franco-espagnole. © Fateme Sagheb

1jour1actu : Comment êtes-vous devenue photoreporter ?

Catalina Martin-Chico : Photoreporter, c’est mon deuxième métier. J’ai d’abord fait de longues études, à l’université, qui n’avaient rien à voir avec la photo, puis le hasard m’a amenée à New York à l’International Center of Photography, une école très réputée.

Quels ont été vos premiers reportages photos ?

Au début, je faisais des photos pour mon plaisir, notamment à l’occasion d’un voyage humanitaire dans un orphelinat, en Amérique du Sud. Je voulais juste donner de mon temps,  je n’envisageais pas de faire un reportage. Puis je suis allée dans d’autres orphelinats en Afrique. Là, j’ai commencé à être véritablement photoreporter : mon objectif n’était plus seulement de faire de belles images, mais de raconter l’histoire des gens, avec un début, un milieu et une fin. C’est la différence entre le photographe et le photoreporter.

Comment choisissez-vous vos sujets de reportage ?

Zohreh et sa belle-sœur posent pour la photographe. Leur corps est abîmé par leurs dures existences et conditions de vie. Chez les nomades, on dit souvent que les femmes sont des hommes et que, par conséquent, elles peuvent accomplir les mêmes tâches physiques. Basoft, Chahar Mahaal et Bakhtiari, Iran, avril 2016. © Catalina Martin-Chico / Cosmos

Zohreh et sa belle-sœur posent pour la photographe. Leur corps est abîmé par leurs dures existences et conditions de vie. Chez les nomades, on dit souvent que les femmes sont des hommes et que, par conséquent, elles peuvent accomplir les mêmes tâches physiques. Basoft, Chahar Mahaal et Bakhtiari, Iran, avril 2016.
© Catalina Martin-Chico / Cosmos


Souvent, je suis attirée pas des endroits qui ne sont pas couverts par les photographes, comme par exemple l’Iran. Pendant des années, c’était un pays fermé, et j’ai voulu voir à quoi il ressemblait. Puis j’ai entendu parler des nomades. Plus je cherchais des informations sur eux, moins j’en trouvais. Alors j’ai décidé d’aller à leur rencontre.

Comment s’est déroulé ce reportage sur les derniers nomades d’Iran, présenté au festival Visa pour l’image ?

J’ai réalisé ce reportage au début de l’année 2016. J’y ai passé 3 mois durant lesquels j’ai pris des milliers de photos. Pour construire le reportage, il a fallu sélectionner les meilleures photos : pas forcément les plus jolies, mais celles qui racontent le plus de choses. Quand on est photoreporter, il faut toujours se demander ce qu’on a envie de montrer, quelles informations on veut faire passer à travers ses images.

Pourquoi avez-vous décidé de participer à la semaine scolaire du festival Visa pour l’image ?

C’est génial de pouvoir partager sa passion avec des jeunes ! Et puis je trouve important d’aider les enfants à décoder les images, à les analyser. Il y en a tellement qui circulent, à la télé ou sur Internet, qu’il faut prendre le temps d’expliquer l’origine des photos, et ce qu’elles veulent dire.

L’école primaire est présente dans les montagnes. Les enfants nomades peuvent apprendre à lire et à écrire. En revanche, s’ils veulent poursuivre leur éducation, ils doivent quitter les montagnes pour la ville, ce qui arrive de plus en plus fréquemment, éloignant ainsi les jeunes de la vie nomadique. Près de Qir, province de Fars, Iran, février 2016. © Catalina Martin-Chico / Cosmos

L’école primaire est présente dans les montagnes. Les enfants nomades peuvent apprendre à lire et à écrire. En revanche, s’ils veulent poursuivre leur éducation, ils doivent quitter les montagnes pour la ville, ce qui arrive de plus en plus fréquemment, éloignant ainsi les jeunes de la vie nomadique. Près de Qir, province de Fars, Iran, février 2016.
© Catalina Martin-Chico / Cosmos

Vous diriez quoi à un enfant qui voudrait devenir photoreporter ?

Photoreporter, c’est un métier aussi extraordinaire que difficile ! Extraordinaire parce qu’on vit des moments incroyables avec des gens très différents, mais aussi difficile. D’abord parce qu’on n’a pas toujours assez de travail pour gagner sa vie. Ensuite parce qu’on a parfois du mal à accéder à certaines zones, notamment dans les pays dangereux. Dans ce cas, il faut savoir prendre son temps, pour ne jamais se mettre en danger.
 

Propos recueillis par Anne-Laure Thomas