Au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier, des élèves de Bordeaux ont décidé de réagir. Ensemble, ils ont organisé une marche de 650 kilomètres, répartis sur 11 jours, en l’honneur des personnes disparues et pour défendre des valeurs importantes pour eux : la liberté d’expression, le respect des autres, la paix… Quand ils sont partis, ils étaient 7 puis, le long de la route, d’autres jeunes se sont joints à eux et ils se sont retrouvés à plus de 50 à Paris. Le plus jeune d’entre eux avait 13 ans !

D’où l’idée de cette marche est-elle venue ?

Redouane (18 ans, terminale, à l’origine du projet) : Au lendemain des attentats, j’ai tout de suite senti qu’il s’était passé un événement très grave dans notre pays. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour montrer que les habitants ne doivent pas se diviser, mais au contraire se rassembler et vivre ensemble. C’est de là que le projet de la marche est venu. J’ai proposé mon idée à plusieurs copains et copines du lycée, et puis on s’est lancés.

Comment avez-vous organisé cette marche ?

Jean-Baptiste (18 ans, terminale, il a marché de Bordeaux à Paris) : Nous avons décidé d’un itinéraire avant de partir et nous avons marché plus de 30 kilomètres par jour. C’était très dur physiquement parce qu’il faisait froid. Mais dans chaque ville et chaque village, le long de notre parcours, nous avons été accueillis avec une telle bonté et une telle gentillesse que cela nous a motivés pour continuer. Certaines personnes nous apportaient des boissons chaudes, d’autres à manger. Les mairies des villes nous ont trouvé des hébergements. Tout le long, nous avons été énormément soutenus. Nous avons aussi beaucoup discuté avec des jeunes ou des adultes que nous rencontrions sur le trajet pour leur expliquer notre démarche.

Quel message espères-tu avoir fait passer avec cette marche ?

Zelda (17 ans, terminale, elle a marché de Bordeaux à Paris) : Notre idée principale était de montrer que chacun d’entre nous, quels que soient son âge, sa culture ou sa religion, peut faire quelque chose à sa petite échelle. Si l’on cède à la peur, on ne fait plus rien. Il faut au contraire penser à nos ancêtres qui se sont battus pour que la liberté existe en France, et c’est à notre tour de continuer à la défendre tous les jours. Cette marche, nous l’avons organisée pour cela.
 
Muriel Valin