2014-02-18-17-53-181jour1actu : Pourquoi Alep est-elle aujourd’hui une ville martyre ?

Hala Kodmani : Elle est martyrisée par l’armée du président Bachar car la moitié de la ville a été prise par les rebelles, en 2012. Or, aujourd’hui, Bachar veut la reprendre à ses opposants. Avant la guerre, Alep était puissante, la deuxième plus grosse ville de Syrie. Donc, pour le président, elle représente beaucoup. Il a décidé d’employer tous les moyens pour reprendre son contrôle.

1jour1actu : La situation s’est donc vraiment aggravée, ces dernières semaines ?

Hala Kodmani : Oui, énormément. Il y a encore trois mois, il y avait des bombardements, mais la vie s’organisait plus ou moins. Il y avait beaucoup d’écoles, par exemple. On pouvait passer la frontière toute proche, et aller en Turquie chercher des marchandises. Mais, depuis, c’est la catastrophe.

1jour1actu : Expliquez-nous pourquoi ?

Hala Kodmani : La moitié de la ville aux mains des rebelles est assiégée par l’armée. Cela signifie qu’on ne peut ni en sortir, ni rentrer à l’intérieur. On ne peut donc pas acheminer de médicaments, de lait pour bébé, d’eau… Les gens avaient fait des réserves, mais elles s’épuisent. Et puis, il n’y a plus de carburant, donc plus de possibilité de charrier des vivres d’un endroit à l’autre, ou de transporter les blessés.

1jour1actu : Et comment vivent les enfants ?

Hala Kodmani : Il y a environ 100 000 enfants dans les quartiers bombardés d’Alep. Ils sortent très peu à cause des bombardements. On les garde enfermés à la maison. Ils s’ennuient beaucoup, et ils ont peur. Le bruit des bombes, des maisons qui s’effondrent, c’est terrible. En plus, beaucoup ont perdu leurs parents, mais aussi leurs frères, leurs sœurs, leurs copains…

1jour1actu : Sont-ils un peu plus épargnés que les adultes ?

Hala Kodmani : Pas du tout. Les bombes ne font aucune distinction. Et, comme la population syrienne est très jeune, la moitié des victimes sont des enfants.

1jour1actu : Comment arrivez-vous encore à correspondre avec des gens, à Alep ?

Hala Kodmani : La seule chose qui fonctionne encore un peu, c’est Internet. Alors, je recueille le témoignage de personnes qui espèrent ainsi qu’on ne les oubliera pas. Récemment, un secouriste m’a confié qu’il avait sorti des décombres un bébé de deux mois. Et il était vivant ! »