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Paul. © D.R.

Tu es allé à Donetsk entre l’année dernière et cette année : qu’est-ce qui a changé ?

Quand j’y suis allé pour la première fois, en mai dernier, c’était encore une ville très vivante. Aujourd’hui, quand on se promène dans le centre, tous les magasins sont fermés et les rues sont presque vides. On entend des tirs et on croise des militaires. Les gens n’ont pas le droit de sortir après 22h. L’ambiance est très pesante. C’est une ville en guerre.

 Comment les gens vivent-ils au quotidien ?

Dans le centre-ville, ça va encore, même si les habitants sortent le moins possible. Mais, dans certains quartiers, les gens restent chez eux. Beaucoup n’ont plus de travail, plus d’argent. Il n’y a plus de médicaments. Beaucoup se sont réfugiés dans des caves, pour se protéger des tirs d’artillerie. J’ai rencontré des personnes qui vivent à 100 dans une cave. Il y a des personnes âgées et des enfants. La situation humanitaire est dramatique.

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L’Ukraine se situe entre l’Union Européenne et la Russie. La ville de Donetsk est à la frontière entre l’Ukraine et la Russie. (D.R.)

Les gens n’essaient pas de partir ?

Si. Ceux qui sont contre les séparatistes essaient de partir. Mais seuls y arrivent ceux qui ont de l’argent.

Est-ce que les enfants continuent d’aller à l’école ?

Oui, à peu près. Les séparatistes essaient de rouvrir rapidement les écoles quand ils prennent une ville. La plupart fonctionnent. Mais certains parents ne veulent pas que leurs enfants prennent des risques en allant à l’école, surtout quand elle se trouve dans une zone sensible. Beaucoup d’enfants passent presque tout leur temps enfermés chez eux ou dans des caves.

Comment les enfants vivent-ils la guerre ?

Il y a quelque chose qui m’a beaucoup frappé. Un jour, dans la rue, j’ai entendu des tirs et j’ai sursauté. Près de moi, des enfants avaient l’air de ne pas les entendre. C’était comme s’ils s’étaient habitués aux bruits de la guerre… Les enfants qui se retrouvent au milieu de la guerre n’ont rien demandé. C’est ça le plus triste, selon moi.
 
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