Henri Clément est apiculteur. Il est également le porte-parole et le secrétaire général de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).© A.HAMPARTZOUMIAN

1jour1actu : Pourquoi êtes-vous devenu apiculteur ?

Henri Clément : Je viens d’une famille d’apiculteurs. Là où j’habitais, toutes les fermes avaient des ruches. Je me suis occupé de ma première ruche vers l’âge de 10 ans. Au début, ça ne me plaisait pas trop. Maintenant, tout baigne !

À présent, combien avez-vous de ruches ?

Henri Clément : J’ai 350 ruches ! Ce sont des abeilles domestiques, des Apis mellifera. Elles participent à la pollinisation des fleurs, produisent du miel, etc. Elles travaillent en association avec les abeilles sauvages, qui sont solitaires.

Depuis quand avez-vous constaté l’effondrement du nombre des abeilles ?

Henri Clément : Il y a vingt ans environ, depuis l’utilisation à grande échelle du Gaucho*. Il faut savoir qu’en hiver, une colonie perd entre 5 et 10 % d’abeilles : c’est tout à fait normal. Depuis le Gaucho, il y a en moyenne 30 % de pertes chaque année ! Comme cela a commencé en France, on parle du « mal français ». Mais cela se produit aussi ailleurs ! On estime à 16 % de pertes, au plan mondial.
* Ce pesticide est utilisé en agriculture pour éliminer les insectes détruisant les plantes. Ce ne sont pas les abeilles qui sont visées.

Combien y a-t-il d’abeilles dans une ruche ?

Henri Clément : En hiver, il y a entre 25 et 30 000 abeilles dans une ruche, alors qu’en été, elles sont entre 40 et 60 000 abeilles.

Pourquoi ce pesticide est-il plus dangereux qu’un autre ?

Henri Clément : Il contient des néonicotinoïdes ! Ces produits chimiques sont enrobés autour des graines. Ils pénètrent dans la sève des plantes et restent entre quatre à cinq ans dans les sols. Leur interdiction, l’année dernière, est un premier pas, mais cela ne suffit pas. Il reste d’autres pesticides dont le mélange peut être aussi toxique !

En quoi, cela nous touche-t-il ?

Henri Clément : Ce ne sont pas seulement les insectes qui sont en danger. Mais l’eau, l’environnement… notre santé à tous ! Malheureusement, il y a des enjeux économiques très forts qui jouent contre les abeilles et les humains.
 

Propos recueillis par Myriam Martelle

 
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