Depuis les derniers Jeux olympiques, à Londres, en 2012, le Français Renaud Lavillenie était le champion olympique en titre du saut à la perche. Mais hier, lundi 15 août, c’est le Brésilien Thiago Braz da Silva qui a remporté la médaille d’or du saut à la perche, en sautant 6,03 mètres.

1jour1actu : Sur cette seconde marche en argent, êtes-vous content ou mécontent ?

Renaud Lavillenie : Un peu des deux ! Sur l’instant, mécontent. Quand un athlète se fait battre, pour quelque place que ce soit dans quelque compétition que ce soit, il n’est jamais content. Jamais ! J’ai aussi été un peu envieux du Brésilien Thiago Braz, qui a gagné. Pendant tout le concours (à la perche, la compétition s’appelle « un concours »), le public était derrière lui, le soutenait, lui donnait de l’énergie… Que j’aurais aimé avoir un tel public avec moi ! Il m’aurait aussi donné des ailes !

Au bout du compte, la déception s’efface-t-elle vite ?

Renaud Lavillenie : Oui. Voir dans les yeux de ma fiancée et de mon entraîneur plus de fierté que de déception m’a remonté le moral. Et je me suis rappelé que gagner une médaille olympique est la chose la plus difficile au monde. À Rio, il y a 10 000 athlètes. Un tiers seulement repartiront avec une médaille. Et j’ai la chance d’en être !

Hier soir, vos pires ennemis étaient présents, n’est-ce pas ?

Renaud Lavillenie : Comme tous les oiseaux, je n’aime ni la pluie, ni le vent, ni le froid. Hier, à cause d’un gros déluge, ce n’était pas une nuit à mettre le nez d’un perchiste dehors ! Mais voilà, c’était la finale olympique : des milliards de téléspectateurs l’attendaient, donc impossible d’annuler.

À quoi penserez-vous en regardant votre médaille ?

Renaud Lavillenie : Une médaille est un écran de cinéma où défile toute votre vie. Elle fait remonter des souvenirs d’enfance. Tout petit, je me revois sauter, avec un bout de bois, une tringle à rideau ou un manche à balai par-dessus une chaise, un canapé, un mur, une table de jardin. Du coup, on me surnommait Zébulon*.

Êtes-vous toujours un peu ce Zébulon ?

Renaud Lavillenie : Oh que oui ! Maintenant que je suis un athlète de haut niveau, je dois me reposer certains jours, donc ne pas sauter. Mais ces jours sans perche sont des jours où je suis malheureux. Souvent même, je vais faire quelques sauts en cachette de mon entraîneur. Comme un oiseau, je ne peux pas rester un jour sans voler !

* Zébulon est un petit personnage monté sur ressorts d’une série télévisée française des années 1960, Le Manège Enchanté.

Propos recueillis à Rio par Sophie Greuil.