Comme la majorité des athlètes de l’équipe de France paralympique, Théo aime plaisanter sur son handicap : « C’est la meilleure façon de me faire accepter, de dédramatiser ce qu’il m’est arrivé, et donc de mettre les gens plus à l’aise. Ainsi, ils me fuient moins. Alors, souvent, au lieu d’expliquer comment une bactérie m’a grignoté mes bras et mes jambes, je fais croire que j’ai été mangé par un requin ! »

« Et pourtant, petit, j’avais peur de l’eau ! »

Dix ans après cette rencontre avec son requin fantôme, Théo est un adolescent comme les autres. Lycéen, comme les autres. « Beau gosse » courant après les filles, presque, comme les autres. Nageur, comme les autres. Euh, enfin, presque ! Car, à 16 ans, il est le grand espoir de la natation handisport. « Et, pourtant, petit, j’avais peur de l’eau ! »
Cette année, il a même gagné une médaille d’argent aux championnats d’Europe sur 200 mètres nage libre, sa course préférée. « Pour la gagner, je ne dois pas partir comme un bourrin. Je dois faire preuve de jugeote pour bien la gérer de bout en bout… »

Le 1er septembre, au siège du Comité Paralympique et Sportif Français, le Président de la République François Hollande est venu encourager les athlètes en partance pour Rio. Parmi eux, Théo Curin, au centre de la photo. © CPSF 2016 G.Picout

Le 1er septembre le Président de la République François Hollande est venu encourager les athlètes en partance pour Rio. Parmi eux, Théo Curin, au centre de la photo. © CPSF 2016 G.Picout

Le benjamin de l’équipe de France

« Pour m’entraîner quatre heures par jour, j’ai dû quitter mes parents en Lorraine pour venir faire un sport-études à Vichy, dans le centre de la France. Résultat ? Je progresse très vite. »
La récompense de tant de travail ne s’est pas fait attendre : Théo participe cette année à ses premiers Jeux paralympiques. Il sera même le benjamin de l’équipe de France : « J’espère un public nombreux pour nous encourager et me donner des ailes pour monter sur un podium… »
Avant d’enfiler son bonnet, Théo résume ainsi sa passion pour la natation : « Dans l’eau, je ne me sens pas handicapé. Mais, terriblement libre ! » Puis, avant de plonger, ce poisson dans l’eau conclut : « Quand j’ai perdu mes mains et mes pieds, ce fut horrible. Puis je me suis dit qu’une nouvelle vie commençait pour moi : et, j’ai saisi cette chance ! Aujourd’hui, j’ai la rage de bien faire… »

Sophie Greuil