En équilibre sur l’une de ses trois coques, le trimaran MACIF de François Gabart vole littéralement sur l’eau : « Mon bateau ressemble vraiment à un albatros. Finalement, l’homme n’a rien inventé. Il faut parfois juste regarder et s’inspirer de la nature… »
À la barre, le skipper veille à piloter son bateau en douceur et le surveille « comme le lait sur le feu ». En effet, sa folle machine peut aussi se retourner comme une crêpe : « Longtemps considéré comme une Formule 1 des mers, le trimaran est aujourd’hui plus proche de l’avion… de chasse ! La moindre erreur de pilotage se paye : quand le bateau chavire, il ne se relève pas. »

Le secret pour gagner ? Dormir le moins possible…

Sur l’eau, le trimaran fait aussi un boucan d’enfer, explique François Gabart : « Venant des coques, des voiles ou du gouvernail, tous les bruits et vibrations du bateau ont une signification et me permettent d’identifier tel ou tel problème. »
De jour comme de nuit, François Gabart sera donc à l’affût : « Cette course sera courte, puisqu’elle se gagne en moins de deux semaines. Le secret pour la gagner est donc d’éviter de dormir. Mais moins on dort, plus on risque de faire des bêtises, par manque de concentration ou de force physique. »
Comme d’habitude, le skipper dormira par tranches de 20 minutes seulement : « En 2017, quand j’ai battu le record du tour du monde en 42 jours, j’avais dormi 3 heures et 9 minutes en moyenne par 24 heures. Là, je suis fin prêt à dormir très peu… »

Se laver, faire pipi ou… vomir !

Véritable bijou de technologie, le trimaran exige avant tout un bon sens marin : « Comme à mes débuts, quand je faisais de l’Optimist, je dois savoir toucher les bons vents et adapter les voiles au mieux. Mais, surtout, je ne dois jamais oublier de partir sans mon seau ! J’en ai même trois à bord, qui me servent à me laver, faire mes besoins ou encore, si besoin, à vomir. Sans eux, je serais perdu ! »
La Route du rhum est une course qui a lieu tous les 4 ans. Elle est donc un peu considérée par tous les marins comme les « Jeux olympiques de la voile ». En 2014, son vainqueur Loïck Perron a traversé l’Atlantique en 7 jours et 14 heures. François Gabart, à bord de son trimaran, battra-t-il ce record, 4 ans plus tard ? Ce surdoué des océans a pour lui d’avoir notamment déjà gagné cette course en 2014, mais dans une autre catégorie de bateau, celle des monocoques (bateaux à une seule coque,  moins rapides que les multicoques). En 2017, il a aussi pulvérisé le record du tour du monde à la voile en solitaire sans escale, en 42 jours, 16 heures, 40 minutes et 35 secondes : la classe !

Sophie Greuil