laboratoire CNRS O3HP

Ici, les arbres sont observés très régulièrement. Cet appareil sert par exemple à mesurer la croissance du tronc (© Estelle Faure).


Ici, chaque arbre a un petit nom : autour du tronc, il porte un bracelet avec des lettres et des chiffres, pour qu’on le reconnaisse. Car cette forêt de chênes blancs, à Saint-Michel-l’Observatoire (Alpes-de-Haute-Provence), est un véritable laboratoire en pleine nature !

De plus en plus de sécheresses

« Avec le réchauffement climatique, dans 50 à 100 ans, on aura probablement plus de sécheresse en été et près d’un tiers de pluie en moins dans cette région au climat méditerranéen », explique Thierry Gauquelin, professeur d’écologie à l’université d’Aix-Marseille, responsable de ce laboratoire du CNRS appelé O3HP. Son but est de comprendre, à l’avance, comment la forêt et les arbres pourraient réagir face à ces changements climatiques.

Des arbres… sans pluie

Pour reproduire cette sécheresse, les scientifiques ont rusé. Sur une partie de la forêt, les arbres sont laissés intacts. Sur l’autre, un toit a été installé pour que les chênes ne reçoivent pas de pluie entre mai et octobre. Depuis huit ans, les chercheurs comparent l’évolution des arbres ayant reçu des pluies avec celle des autres.
Pour être étudiée à la loupe, la forêt est équipée de nombreux appareils de mesure : on observe ainsi la pluie, le vent, les températures, la taille des troncs, etc. Il y a même une passerelle à 3,50 m de hauteur, pour observer la croissance des feuilles, la tête dans les arbres ! « Quand les chênes sont stressés, ils ne “parlent” pas, donc il nous faut des moyens pour le savoir », explique Jean-Philippe Orts, assistant-ingénieur, qui collecte ces informations. Elles sont ensuite analysées par des chercheurs.

laboratoire CNRS O3HP

Ce toit spécial a été installé en 2011 au-dessus de la forêt. Il peut être déployé pour empêcher la pluie d’atteindre les arbres (© Thierry Gauquelin / Observatoire O3HP).

Moins de « petites bébêtes » dans le sol

Il y a déjà des premiers résultats : « On commence à voir la croissance des arbres ralentir dans la zone sans pluie. Concernant le sol et sa biodiversité, on voit que la décomposition des feuilles est plus lente, car il y a moins d’eau. Et il y a deux fois moins de petites bébêtes dans le sol. Il y a certains groupes d’acariens qu’on ne retrouve même plus dans cette zone. »
Or ce phénomène est essentiel pour la forêt : en se décomposant, les feuilles « nourrissent » le sol et aident ainsi les arbres à pousser. Ces résultats doivent être confirmés dans les années à venir. Les scientifiques veulent même aller plus loin : réchauffer le sol pour voir les effets de la hausse de la température sur les forêts.

Estelle Faure