Il y a onze ans, les jumelles Delphine et Estelle Cascarino (11 ans à l’époque) étaient scotchées devant un match regardé en boucle avec leur grand frère : encore et encore la finale de la Coupe du monde masculine, en 1998 ! Les Bleus, emmenés par Zinedine Zidane, étaient devenus champions du monde. Devant cette première historique, les jumelles rêvaient dans un même souffle : « Dès le lendemain, dans la cour de récré, on se prenait tous pour Zidane ! »

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L’attaquante française Delphine Cascarino en pleine action face à la Corée, lors du match d’ouverture du Mondial. (© François-Xavier Marit/AFP)


Aujourd’hui, Delphine (22 ans) est attaquante à l’Olympique lyonnais, le meilleur club de France, tandis qu’Estelle joue arrière au Paris FC. Mais seule Delphine, la plus rapide des deux, a été sélectionnée pour cette Coupe du monde : « Au lieu de jouer toutes les deux ensemble, je jouerai pour deux ! L’important est de voir, à chaque match, notre nom de famille en équipe de France. L’important aussi est de gagner, pour la première fois de notre histoire, cette fameuse coupe… »

Pas comme les garçons !

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Amandine Henry, la capitaine des Bleues, aimerait être un modèle pour toutes les petites filles qui rêvent de foot ! (© Xinhua/AFP)


Comme les sœurs Cascarino, la capitaine Amandine Henry (29 ans) et l’attaquante Eugénie Le Sommer (30 ans) ont fait tourner toute leur vie autour du ballon : « Il y a vingt ans, quand nous avons commencé à jouer, les filles n’étaient pas acceptées dans le foot. Même si parfois nous rentrions en pleurs à la maison parce que les garçons ne nous invitaient pas à jouer, nous insultaient ou ne nous passaient pas le ballon, la passion ne nous a jamais quittées… »
Il y a onze ans, à leurs débuts à haut niveau, elles n’étaient pas professionnelles : elles travaillaient la journée, puis s’entraînaient le soir. Aujourd’hui, les jeunes comme Delphine Cascarino ou Kadidiatou Diani (24 ans) sont « pros », c’est-à-dire payées par les clubs, comme les garçons, pour se consacrer au football à plein temps… « mais en gagnant cent fois moins ! »
Ces joueuses ne courent pas après les salaires et la célébrité démentielle des garçons : « Nous leur envions seulement le fait de jouer dans des grands stades pleins à craquer, glisse Amandine Henry, capitaine des Bleues. Avec ce Mondial, nous souhaitons vivre et partager une grande fête du foot, avec du monde partout ! »

Servir de modèles aux filles

Son vœu est aussitôt repris à la volée par Eugénie Le Sommer : « J’espère qu’on séduira par notre beau jeu et notre état d’esprit, et qu’on arrêtera de comparer notre foot à celui des garçons. Compare-t-on le tennis féminin à celui des hommes ? Non ! Alors, pourquoi le faire au foot ? »
Avec leurs rencontres en direct à la télévision, dans des stades pleins à craquer, ces Bleues rêvent encore plus grand : « Quand nous avons commencé le foot, nous n’avions pas de modèle de championne à qui nous identifier, se souvient leur capitaine. Là, nous aimerions tellement voir des milliers de filles s’identifier à nous puis suivre notre passion… »

À Lyon, Sophie Greuil