« Je coule, ce n’est pas une blague. Mayday ! » Voilà le message que Kevin Escoffier a juste le temps d’envoyer dans la nuit de lundi à mardi. Frappé par une énorme vague, son bateau vient de se replier sur lui-même. Il coule. Mayday, c’est le SOS que lancent les marins quand ils sont en détresse. Deux minutes après, Kevin est dans son radeau de survie. Le pire endroit pour un naufrage : les 40es rugissants, une zone située au large de l’Antarctique. Appelée ainsi en raison des vents forts qui s’y déchaînent.

Radeau en vue !

Le naufragé sait alors que seuls d’autres marins peuvent venir le sauver dans cette zone reculée. C’est ce qui va se passer. Plusieurs concurrents du Vendée globe ont entendu son message. Tout à coup, Kevin aperçoit le voilier de Jean Le Cam. Un soulagement inouï, mais rien n’est gagné. Il est très difficile pour un bateau de cette taille, véritable bolide des mers, de se rapprocher d’un petit radeau. Surtout par cette mer déchaînée. Et dans la nuit noire, en plus ! Heureusement, Jean et Kevin sont expérimentés. Et costauds…

Montagnes russes

Une capture d’écran avec Jean Le Cam au premier plan et Kevin Escoffier. Juste après le sauvetage de ce dernier. © Vendée Globe.

C’est un exploit physique de se hisser à bord d’un voilier engagé dans de gigantesques vagues, semblables à des montagnes russes. Et ce n’est qu’au petit matin que Kévin se retrouve enfin à bord du bateau de son sauveur. Ils se serrent dans les bras. Le temps passé à secourir son compagnon lui sera décompté, mais Jean Le Cam sait qu’il ne peut plus gagner la course. Qu’importe. Ce marin est bien placé pour savoir que la solidarité passe avant tout en mer. En 2009, lors d’un précédent Vendée globe, son bateau s’était retourné. Un autre concurrent était venu à son secours. Aujourd’hui, il lui doit la vie.

 

Catherine Ganet