Cri-Cri, le vaincu magnifique
Le Tour de France, c'est une formidable aventure conduite sur les plus belles routes de France. C'est avant tout une histoire d'hommes qui, à la force des mollets, se sont élevés au rang de véritables héros. À sa manière, Eugène Christophe fut l'un des premiers à ouvrir la route de la légende.

Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain, Lance Armstrong… Le Tour ne compte plus ses vainqueurs stupéfiants, passant sous l'Arc de Triomphe les bras en croix. Mais la légende du Tour, ce sont aussi des perdants magnifiques, passés si près du but, tant de fois, et si dignement, qu'ils restent à jamais chéris dans le cœur du public. Tu as sûrement entendu parler de Raymond Poulidor, 2 fois deuxième, 5 fois troisième. Jamais premier…
À côté de ‘ Poupou ‘ figure aussi Eugène Christophe, dit ‘ Cri-Cri ‘. Onze participations au Tour de France de 1906 à 1925, aucune victoire. Mais une rage de vaincre et un courage exceptionnels qui en font l'un des champions les plus célèbres du Tour de France. Juge-en plutôt : en 1913, dans la descente du col du Tourmalet, dans les Pyrénées, ‘ Cri-cri ‘ est sur le point de remporter la victoire quand il a la malchance de casser la fourche de son vélo. Le règlement est formel : les coureurs doivent se débrouiller seuls en cas d'incidents. N'écoutant que son courage, Eugène Christophe descendit alors à pied, vélo sur l'épaule, les 14 km le séparant du premier village. Dans l'atelier du forgeron, il effectua lui-même la réparation 4 heures durant avant d'enfourcher à nouveau son engin. Il arriva 4 heures après le vainqueur du jour.
Fourche : partie d'un vélo qui part du guidon et où se place la roue avant.
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Demain, la suite de notre série avec ‘ Des vélos et des hommes ‘