Valras : naissance d’une plage
Cette semaine, les Belles histoires de l'été prennent le chemin de la plage. Et d'abord, en route pour Valras, en bordure de Méditerranée.

Il n'a pas dû en revenir le sable de Valras, en ces années 1800 ! Lui qui dormait tranquille depuis la nuit des temps, à peine chahuté par le pas des pêcheurs, le voilà au centre d'étranges défilés. Des gens chics vont et viennent sur son domaine. Les uns affirment que l'eau de mer est excellente pour fortifier le corps, les autres qu'elle est parfaite contre les maladies de peau. Alors ces messieurs dames pointent un orteil, un pied, une moitié de jambe dans ce bain d'eau salée qu'ils croient miraculeux pour la santé. Pas question de s'amuser bien sûr (on vient là pour se soigner). Pas question non plus de nager (d'ailleurs qui en est capable à l'époque ?). La retenue est donc de mise, et la tenue de rigueur. Madame s'immerge habillée de la tête aux pieds tandis que sa calèche l'attend un peu plus loin sur le sable.
Incroyable tout de même ! Pendant des siècles, l'idée ne serait venue à personne de profiter du littoral. Pour les hommes, la mer était un gouffre où des monstres informes avalaient navires et marins. Par elle arrivaient pirates, envahisseurs barbares et maladies mortelles. Les pêcheurs, le soir, rentraient vite chez eux, dans des villages perchés, loin de ce bord de mer inquiétant.
La mode des bains de mer, qui se répand au 19e siècle, bouleverse cette vision du littoral. Et la création du chemin de fer en 1846 accélère ce mouvement : il est devenu si facile de venir de Paris pour faire trempette ! Désormais on ne se baigne plus pour se soigner mais pour se faire plaisir. Surtout, en 1936, lorsque tous les Français obtiennent 12 jours de congés payés dans l'année. Pour la plage, c'est alors le début d'une autre invasion. Celle des touristes.…
Demain, direction Saint-Tropez.