Jean-Pierre Dubois

Jean-Pierre Dubois

Comment faire pour qu’un tel drame ne se reproduise pas ?

Jean-Pierre Dubois : Aucune loi, aucun policier ne peut empêcher complètement que quelqu’un quelque part tire avec une mitraillette. Il faut surtout éviter que les gens ne deviennent des terroristes.

 Comment éviter que des gens basculent dans le terrorisme ?

Jean-Pierre Dubois : En améliorant la vie dans les prisons. Actuellement, en France, de très nombreux détenus sont entassés les uns sur les autres, sans rien avoir à faire de la journée. En vivant dans ces conditions lamentables, certains sombrent dans l’extrémisme religieux. Le premier caïd venu leur fait croire n’importe quoi. Vous savez, la plupart, quand ils entrent en prison, ne sont pas du tout pratiquants, ni de l’islam, ni d’aucune autre religion. Il faut donc enfin appliquer la loi : un prisonnier par cellule et une activité pour chacun.

 Dans l’idéal, il ne faut pas passer par la prison…

Jean-Pierre Dubois : Évidemment, oui. Mais pour cela, il faut plus d’éducateurs dans les cités. Des hommes, des femmes qui parlent avec les jeunes, les aident à trouver leur place dans la société, un emploi digne. Beaucoup d’entre eux ont décroché à l’école et n’ont pas de familles stables. Regardez les terroristes des attentats de Paris : leur vie, c’était la misère, le vide. Donc, le problème ne se réglera pas avec des armes, des policiers, des militaires. C’est un problème humain qui doit se régler par un travail humain.

 Est-ce que ce n’est pas aussi à chacun de nous, de changer un peu ?

Jean-Pierre Dubois : Oui, si nous sommes tous des « Charlie », il faut que nous soyons tous plus fraternels. Chacun de nous a besoin d’apprendre à vivre ensemble. Mes enfants et tous les enfants du monde, s’ils ne sont pas éduqués, restent des petits sauvages. C’est donc l’affaire de tous, et pas seulement des jeunes qui vivent dans les cités, et à qui on répète sans cesse qu’ils doivent s’intégrer, faire des efforts, respecter les règles. Nous devons tous changer d’attitude. Et, si tous, nous changeons, alors les choses se débloqueront.