Pourquoi en parle-t-on ?

L’ONG (une organisation internationale non gouvernementale) Amnesty International vient de publier une enquête intitulée « Chassés de toutes parts : les expulsions forcées de Roms en Île-de-France ». Elle dénonce la manière dont se déroulent les expulsions et leurs conséquences sur la santé des familles roms et la scolarisation des enfants.

Ce qu’il faut savoir :

En ville, les Roms installent souvent leur campement sur des parkings, des terrains vagues, le long des rivières, etc. C’est interdit par la loi. Mais, la plupart du temps, ils n’ont pas le choix. Parce que environ la moitié des communes de plus de 5 000 habitants ne respectent pas la loi, qui prévoit l’installation d’un terrain d’accueil avec l’eau courante et l’électricité.
L’année dernière, l’Europe avait déjà condamné la France pour violation des droits de l’homme, lorsqu’elle avait expulsé des Roms.

L’interview du jour :

Marion Candier est chercheuse à Amnesty International. Elle a participé aux recherches et rédigé le rapport de cette enquête. Elle s’est rendue dans plusieurs campements de Roms.

Les enfants Roms vont-ils à l’école, comme tous les enfants de leur âge ?

« En France, si un enfant a entre 6 et 16 ans, il est obligé d’aller à l’école (l’instruction est obligatoire). Quand cet enfant est français, ses parents l’inscrivent directement dans l’école de sa commune. Mais si cet enfant n’est pas français, le maire doit fournir un certificat d’inscription à la famille qui leur permettra de l’inscrire à l’école. Pour avoir ce papier, il faut montrer plusieurs documents : une carte d’identité, un carnet de vaccination et un justificatif de domicile (une facture d’électricité ou de téléphone).
Mais ce dernier document est très difficile à avoir, pour les Roms qui n’ont pas de vraies maisons. Ils vivent dans des cabanes ou des caravanes, où il n’y a pas l’eau courante.
Certains maires refusent donc l’accès de l’école aux enfants roms, même s’ils ont envie d’y aller. Et ce n’est pas normal ! »

Quand ils sont scolarisés, les enfants peuvent-ils aller tous les jours à l’école ?

« C’est très compliqué. Les Roms vivent dans des conditions très difficiles. Leurs campements sont des bidonvilles. Ils n’ont pas de chauffage, ils n’ont pas de toilettes, ni de douches. Souvent, ils n’ont pas assez d’argent pour s’acheter des vêtements neufs.
Certaines familles n’osent pas envoyer leurs enfants à l’école. Je vais vous donner l’exemple de Rodica. Je l’ai rencontrée au cours de mon travail. Cette maman faisait très attention à ce que ses enfants soient propres pour qu’on ne se moque pas d’eux à l’école. »

Les enfants peuvent-ils rester dans leur école, même s’ils ont été expulsés ?

« On estime à 15 000, le nombre de Roms vivant en France aujourd’hui. En moyenne, les Roms sont expulsés de leur campement deux fois par an. Cet été, 2 300 personnes ont été expulsées, dont 189 enfants.
Une fois chassées, les familles ne savent pas forcément où aller. Elles dorment dans la rue ou dans leur voiture. Les enfants dorment mal, et, la journée, ils sont trop fatigués pour suivre en cours. Ils ratent souvent l’école.
C’est très dur pour eux, car beaucoup de familles roms viennent en France pour que leurs enfants puissent apprendre et aient une vie meilleure. Dans ces conditions, ce n’est vraiment pas facile. »

Comment faire, pour que tous les enfants roms puissent aller à l’école ?

« D’abord, il faut que les maires respectent l’obligation de scolarisation de tous les enfants. Ensuite, il faut arrêter les expulsions, car elles aggravent la situation des enfants, qui ont déjà du mal à aller à l’école.
Enfin, il faut que les Roms aient, comme tout le monde, des conditions de vie dignes ; c’est-à-dire : avoir l’électricité, l’eau courante, des toilettes, etc. Ils doivent aussi avoir un logement fixe. Alors, les enfants pourront aller à l’école, s’intégrer à la société et avoir un avenir meilleur. »

Le dico du jour :

Un bidonville est un lieu où les habitations sont faites de planches, de vieux bidons et de tôles. Les gens qui y habitent sont très pauvres.
La scolarisation, c’est le fait d’aller à l’école.

Le quiz du jour :

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