Fadma Moumtaz

Fadma Moumtaz (D.R.)


Fadma Moumtaz est chargée de l’information au UNHCR, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Cet organisme a pour but de protéger les réfugiés dans le monde et de leur venir en aide.
 

1jour1actu : Qui sont ces hommes, ces femmes et ces enfants qui essaient de traverser la Méditerranée au péril de leur vie ?

Fadma Moumtaz : Pour la grande majorité, ce sont des personnes qui fuient leur pays d’origine. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène : ces personnes sont en danger car leur pays est en guerre, elles vivent dans une très grande misère, ou encore elles subissent des persécutions à cause de leur origine, de leur religion, etc. Elles viennent de pays africains, comme l’Éthiopie, le Nigeria, la Somalie, l’Érythrée, ou bien de pays arabes, comme la Syrie (qui est devenue, avec quelque 4 millions de réfugiés, le premier pays en termes de nombre de réfugiés).
 

1jour1actu : Pourquoi ces personnes tentent-elles cette traversée ?

F. M. : Elles veulent venir en Europe pour y trouver refuge et vivre en sécurité, certaines pour manger à leur faim ou pour offrir un avenir à leurs enfants. Leurs conditions de vie sont tellement difficiles et dangereuses dans leur pays qu’elles ont le sentiment de ne rien avoir à perdre : elles tentent le tout pour le tout. La traversée de la Méditerranée n’est que la dernière étape d’un voyage qui dure souvent des mois, et leur coûte plusieurs milliers d’euros. Ces voyages clandestins, organisés par des passeurs, sont le dernier moyen qui leur reste pour gagner l’Europe.
 

1jour1actu : Et qui sont les passeurs ?

F. M. : Ce sont des trafiquants ! Ils profitent de la situation difficile de ces personnes pour leur faire payer très cher ces traversées dangereuses sans garanties de réussite. Ils profitent de la misère de ces gens pour s’enrichir. C’est une forme de commerce…
 

1jour1actu : Pourquoi ces traversées sont-elles si dangereuses ?

F. M. : D’abord parce que les bateaux utilisés sont souvent vieux, en mauvais état et mal équipés. Ensuite, ils sont surchargés. 700 personnes montent dans un bateau conçu pour 300 personnes au maximum. Le bateau peut donc chavirer facilement. Mais, pour les passeurs, peu importe la vie des personnes, seul compte l’argent que chacune d’elles leur rapporte.
 

1jour1actu : Est-ce que l’Europe met en place quelque chose pour venir en aide à ces personnes ?

F. M. : Fin 2013, l’Italie avait lancé l’opération « Mare Nostrum », qui consistait à venir en aide aux réfugiés en faisant du sauvetage. Mais cette opération a été jugée trop coûteuse par l’Europe, car elle demandait beaucoup de bateaux sur place. L’Europe a aussi eu peur qu’une telle opération encourage les traversées, que les migrants se disent que, de toute façon, ils allaient être secourus… En octobre 2014, l’opération « Triton » a pris le relais. Ce n’est plus une opération de sauvetage, mais de surveillance. Heureusement, « Triton » fait encore un peu de sauvetage, mais pas suffisamment. Le nombre de migrants ayant perdu la vie en mer a augmenté en 2015.
Au UNHCR, nous voudrions que les réfugiés puissent demander le droit d’asile plus simplement, pour qu’ils ne soient plus obligés de tenter ces traversées clandestines si dangereuses…
 
Pour bien comprendre qui sont les migrants, regarde la vidéo de 1jour1question, en cliquant ICI !