Le général de Gaulle, c’était notre flambeau
Roger Senzig a 17 ans quand éclate la guerre. Il vit dans le département de la Moselle, en Lorraine que les Allemands annexent en 1940. Il est alors interdit de parler français, de porter un béret et, pour se dire bonjour, il faut faire le salut nazi. Pour Roger, cette occupation est insupportable. Il se réfugie dans la Lorraine française, à Nancy.

Quand décidez-vous de devenir résistant ?
Roger Senzig : je rentre vraiment dans la résistance en 1942. Ã? cette époque, je deviens membre dâ??un service de renseignements qui dépend du général de Gaulle basé à Londres. Notre travail consiste à fournir aux Anglais le maximum de renseignements sur tous les mouvements de transport allemand. Or, le hasard fait que cette année-là , je trouve un travail dans une société allemande chargée dâ??organiser tous les transports entre la France et lâ??Allemagne. Câ??est une aubaine ! Je sais quel train partira quel jour, à quelle heure, dans quelle direction et chargé de quelle marchandise. Je convaincs plusieurs autres Français de travailler avec moi. Nuit et jour, en secret, nous transmettons toutes les informations aux Anglais qui savent alors 24 heures à lâ??avance où les trains vont passer et à quelle heure. Ensuite, ils nâ??ont plus quâ??à faire sauter les voiesâ?¦
Aviez-vous la notion du danger ?
Jâ??étais dans lâ??action. Je nâ??avais pas le temps dâ??avoir peur. Je ne pouvais pas admettre que la France accepte lâ??occupation allemande et cela suffisait à me donner du courage.
Que se passe-t-il pour vous après le débarquement des Alliés en Normandie ?
Je suis alors à la tête dâ??un réseau dâ??une 50e dâ??hommes. Trois jours après le débarquement, je reçois lâ??ordre de saboter toutes les lignes téléphoniques de Nancy. On coupe tous les câbles transportant les communications dans et hors de Nancy. La ville se retrouve alors isolée. Les Allemands ne peuvent plus communiquer. Ils décident de se retirer. La libération de Nancy est procheâ?¦
Et puis vous êtes enrôlé par les Américains�
Je travaille effectivement pour les Américains. Mon rôle est toujours de faire du renseignement mais là â?¦ plus musclé ! Je dois débusquer lâ??ennemi : il faut lâ??obliger à tirer pour quâ??on puisse le localiser. Ã?videmment, câ??était plutôt risqué !
En 1945, vous et vos hommes vous rendez à Berlin, la capitale allemande, pour lâ??assaut finalâ?¦
Oui, et là dans la forêt allemande, je vois de la fumée qui sâ??échappe de baraques en bois. Portes et fenêtres sont clouées. Je descends de mon auto-mitrailleuse. On défonce les portes et de là -dedans sortent des hommes maigres, si maigres… En fait, câ??était un camp de concentration. Avant de fuir, les Allemands avaient tout barricadé, puis mis le feu.
Aujourdâ??hui vous êtes plusieurs fois médaillé de la résistance. Quel souvenir gardez-vous du général de Gaulle ?
Câ??était notre flambeau. Le seul qui avait eu le courage de dire « non » aux Allemands. Câ??était notre espoir. Ce nâ??était pas évident, vous savez : les Américains ont tout de même attendu 4 ans avant dâ?