« C’est bon, tout le monde est prêt ? » Les enfants se mettent sagement en rangs à la sortie de l’école. Djaïmé, l’animatrice, s’assure que tout le monde a pris son pique-nique. Car, aujourd’hui, les enfants de l’école de Fabas (Ariège) ne vont pas manger à la cantine… mais en pleine forêt, dans leur « village ».

cabanes bois village des enfants sauvages

En route pour le bois ! (© V. Gire/Milan presse)


Après 10 minutes de marche, voilà, on est au bois ! Ce bout de forêt, pas très loin de l’école, est le domaine des enfants. Quand la météo le permet, ils y viennent plusieurs fois par mois, après la classe, ou pour la pause déjeuner.

Des cabanes en récup’

À peine le pique-nique avalé, tout le monde s’éparpille dans le bois. Lola et Emma filent à leur cabane, située près du sentier. C’est un rond de terre, entouré de buissons. Les deux fillettes ont tendu des ficelles en travers des arbres, tout autour, et vont y suspendre des branches pour faire des murs.

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Emma et Lola se construisent une table au milieu de leur cabane. (© V. Gire/Milan presse)


La plupart des cabanes du bois sont très simples : un trou dans les buissons, le tronc d’un vieil arbre… Quelques branches, des bouts de ficelle, et l’imagination fait le reste ! Les enfants se prêtent et s’échangent les matériaux qu’ils trouvent. Et quand une cabane est abandonnée, les morceaux de bois sont aussitôt récupérés pour servir à une autre.

Au commissariat de police

Un peu plus loin, on trouve les « policiers », en plein travail près de leur cabane. C’est la plus grande et la mieux bâtie du village. « Cet endroit avait été construit par des enfants plus grands, explique Benjamin. Quand ils sont partis de l’école, on l’a récupéré, mes copains et moi. Et depuis, on n’arrête pas de l’améliorer. »

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Les policiers essaient d’aménager l’entrée de leur cabane. (© V. Gire/Milan presse)


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Un tas d’écorces ? Non : le coffre-fort du commissariat de police ! (© V. Gire/Milan presse)


Dans ce « commissariat », il y a une pièce pour se réunir, une prison pour enfermer les bandits et, dans un coin, un gros tas de morceaux d’écorce. « C’est notre trésor, précise Gabin. Les écorces, c’est la monnaie du bois. Nous, par exemple, on s’en sert pour payer ceux qui nous aident à améliorer notre cabane. »

Pas touche à mes bouts de bois !

Les policiers ne sont pas toujours appréciés, dans le bois. « Ils veulent faire la loi et, parfois, ils cherchent à nous prendre des morceaux de bois. Mais on refuse ! », expliquent Erwann et Nathan, deux plus petits.

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Erwann, Nathan et Lubin veillent sur leur cabane. (© V. Gire/Milan presse)


Ysée, elle, a un plan : « J’aide des copains à construire une cabane secrète, qui sera un refuge pour les voleurs », chuchote-t-elle. Mais pourquoi aider les voleurs ? « Parce que je n’aime pas beaucoup les policiers, ils m’énervent. Ils courent avec des bâtons, alors qu’on n’a pas le droit. »

Des lois à respecter

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Djaïmé, l’animatrice, fait lire aux enfants les engagements du bois. (© V. Gire/Milan presse)


Car, n’en déplaise aux policiers, il y a ici des lois que chacun s’engage à respecter : ce sont les « engagements du bois ». Ces règles sont écrites sur un drapeau signé par tous, et que les enfants relisent ensemble à chaque fois qu’ils viennent ici. Elles interdisent, par exemple, d’abîmer les cabanes des autres, ou de sortir des limites du bois.

Le bois bleu

Un peu à l’écart du sentier, Margot et Paula nous font visiter leur cabane. C’est un petit bouquet d’arbres, où elles s’amusent à grimper et à se raconter des secrets. « J’adore venir au bois, confie Paula, parce qu’ici, on est dans la nature. »
Les deux copines ont elles aussi amassé quelques écorces, qui leur servent de monnaie. Mais surtout, à l’abri dans une vieille souche, elles ont un morceau de bois devenu bleu à cause d’un champignon. « Le bois bleu, c’est ce qu’il y a de plus précieux ici. Le nôtre, on le cache soigneusement : il est trop beau ! »

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Paula et Margot adorent grimper aux arbres. Dans les mains de Paula, tu peux voir leur trésor : du bois bleu ! (© V. Gire/Milan presse)

Rassemblement !

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Il est déjà temps de quitter le bois… jusqu’à la prochaine fois ! (© V. Gire/Milan presse)


Hélas, le temps file… et c’est déjà l’heure de retourner en classe. Quand Djaïmé, l’animatrice, crie : « Rassemblement ! », tout le monde doit se regrouper pour partir. Mais, c’est sûr, les enfants sauvages seront bientôt de retour dans le bois, pour continuer à construire leurs cabanes et inventer leurs histoires !
 
 
 
 
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