1jour1actu : Quelles nouvelles technologies utilisez-vous pour étudier les objets archéologiques ?

Théophane Nicolas est céramologue à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives).


Théophane Nicolas : Beaucoup de technologies, comme les drones qui sont très utiles pour faire rapidement des milliers de photos aériennes des sites de fouilles ou de monuments. On utilise aussi des outils empruntés à la médecine, comme le scanner. Au lieu de mettre un humain à l’intérieur, on met un objet archéologique, par exemple une momie égyptienne. Les rayons X permettent de voir ce qu’il y a à l’intérieur sans l’abîmer ! On peut ensuite se servir d’une imprimante 3D pour créer une copie des objets que l’on a vus.
Clique sur les images pour découvrir la représentation 3D d’une porte fortifiée grâce aux drones :

Quel est l’intérêt de créer des copies en 3D des objets que vous avez découverts ?

Théophane Nicolas : Parfois l’objet est abîmé. Pour le restaurer, l’imprimante 3D peut fabriquer les pièces manquantes et il suffit ensuite de les assembler comme un puzzle. L’imprimante 3D peut également créer une copie de l’objet entier. Cela permet à l’archéologue de l’étudier facilement, mais aussi au public de le manipuler, ce qui est utile par exemple pour les personnes malvoyantes.  Ainsi, dans un musée, le public a pu découvrir quel son faisait une flûte en os qui date de milliers d’années, en soufflant dans la copie qui avait été réalisée !

L’imprimante 3D a permis de faire des copies d’une flûte en os découverte par un archéologue. (© Safa)

Pourquoi utilisez-vous de plus en plus les nouvelles technologies ?

Théophane Nicolas : Parce qu’on gagne beaucoup de temps ! Grâce au scanner, par exemple, on peut savoir rapidement à quoi sert un objet. Si l’on trouve un vase fermé et qu’on voit grâce au scanner qu’il contient des os incinérés, on sait que c’est une urne funéraire. Autre exemple : dans la tombe d’un Gaulois à Warcq, dans le nord de la France, quatre chevaux et un char ont été retrouvés. La tête d’un des animaux a été scannée, ce qui a permis de garder une image exacte de son équipement avant que l’archéologue ne sépare les éléments pour les étudier un par un.

Est-ce que ces nouveaux outils ont facilité votre travail ?

Théophane Nicolas : Grâce aux nouvelles technologies, on est plus efficaces pour analyser un objet. Mais on récolte aussi beaucoup de nouvelles informations qu’on doit étudier ! Alors le temps qu’on gagne sert à analyser ces découvertes. Nous travaillons avec des équipes d’informaticiens, pour aller beaucoup plus loin que ce que nous faisions avant. Notre objectif, c’est de « faire parler » les objets, de les comprendre !

Les drones, scanners et imprimantes 3D sont-ils l’avenir de votre métier ?

Théophane Nicolas : Pour l’instant, ces technologies ne servent que pour les cas les plus compliqués à étudier, mais je pense que certaines deviendront des outils du quotidien pour les archéologues. Il y a dix ans, on n’utilisait le scanner que pour les momies. Aujourd’hui, on découvre tellement d’informations en utilisant ces technologies que leur usage deviendra bientôt courant !

Clique sur les images pour découvrir les étapes qu’a suivies l’archéologue pour étudier un objet archéologique :

Propos recueillis par Perrine Debacker

Pour en apprendre plus sur le métier d’archéologue, tu peux participer à l’une des 1 600 activités proposées partout en France, les 14, 15 et 16 juin. Retrouve le programme et les animations près de chez toi en allant sur le site des Journées nationales de l’archéologie.