Ce matin, avec ses élèves de 5e, Éric de Oliveira, le professeur d’histoire, clôture sa séquence sur le sexisme. L’inégalité entre les garçons et les filles est un thème « brûlant » pour les collégiens. Et à 12 ans, les enfants ont déjà beaucoup de choses à dire sur les sujets « qui fâchent ». Voici un aperçu de leurs réactions.

Les tâches ménagères

Est-ce un sujet de dispute à la maison ? Malia note : « Quand mon père rentre le soir, le dîner doit être prêt ! Il y en a toujours un qui fait trop et l’autre pas assez. » Les autres élèves sont plus nuancés. Myriani dit : « Quand l’un fait le ménage, l’autre prépare le dîner. » Alvaro conclut gravement : « Mais les femmes travaillent toujours plus que les hommes… »

Le travail

À travail égal, une femme touche 15 % de moins que son collègue homme. C’est comme si elle travaillait gratuitement… un jour sur six ! « Ce n’est pas juste ! Les chefs doivent penser qu’une femme sera moins performante », dit Antoine. Pour Émilie : « Cela ne donne pas envie d’aller travailler ! » Messieurs les chefs, vous voilà prévenus. Malia note : « On dit que les femmes sont moins fortes… Pourtant, il en faut, de la force, pour mettre un enfant au monde ! »

Le droit de vote des femmes

Les élèves ne se souviennent plus bien de la date… 1994 ? Alvaro s’écrie : « Je sais, c’était en 1945 ! »

Le droit d’ouvrir un compte bancaire sans avoir l’accord du mari

Il date de 1965. Pour Vincent : « Jusque-là, tout était fait pour que la femme n’ait pas d’argent. » Myriani dit : « Sans argent à elle, elle ne peut pas être libre… »

Le sport

Dans cette classe, deux filles, Kamilia et Jade, jouent au football. « Pourquoi on n’y jouerait pas ? C’est une manière de faire évoluer les mentalités », dit Kamilia. Jade rajoute : « L’autre jour, pendant un tournoi, nous n’étions que deux équipes de filles. Au début, les garçons nous chahutaient. Mais à la fin, au moment des tirs au but, ils nous encourageaient ! »
Gianni, lui, fait du judo : « Les combats se font selon notre ceinture et notre poids ; peu importe le sexe. Donc, je me bats contre des filles ou des garçons. Quand une fille me bat, ça ne me gêne pas. C’est qu’elle a plus de technique que moi. »
Et quand il y a sport au collège, est-ce si facile de faire des équipes mixtes ? Les garçons rigolent, un peu gênés. Alvaro reconnaît : « L’autre jour, dans notre équipe de basket, on était deux garçons et deux filles. Je jouais avec mon copain, mais on n’arrivait pas à marquer. Alors, j’ai passé la balle aux filles ; on s’est dit qu’avec un peu de chance, elles marqueraient… » Jade (qui a reçu la balle) râle : « Ça m’a énervée, leur attitude ! »

Et en classe ?

Les garçons se trouvent désavantagés : « Il y a de la discrimination ! Quand une fille s’agite, les profs lui lancent un regard sévère, et ça s’arrête là. Mais quand c’est un garçon, ils lui demandent son carnet, pour lui mettre une punition… », dit Arthur. Une petite voix (féminine) glisse : « C’est peut-être que vous vous agitez plus souvent que nous… » La bataille contre les inégalités entre garçons et filles n’est pas encore terminée !

Anne Lamy