1jour1actu : Vous avez parlé de votre enfance en Afrique à travers Kirikou et, aujourd’hui, vous vouliez parler de Paris…

Michel Ocelot : J’aime bien voyager, sur le globe et dans l’histoire. Tous mes films se passent dans des endroits intéressants. Il était logique que je passe par Paris, qui est l’un des endroits les plus intéressants de la planète ! J’ai tardé à le faire et je trouve qu’il était temps de célébrer cette belle ville parce que c’est un lieu fascinant.

Comment avez-vous travaillé pour préparer ce film ?

Michel Ocelot : J’ai fait 16 000 photos de Paris ! Je les ai faites plutôt en été, au petit matin, quand il y a une belle lumière et peu de monde dans les rues, parce que le reste du temps il y a des poubelles et des gens ! (rires) Toutes les idées des décors du film viennent de ces photos. On trouve donc forcément des détails qui montrent qu’on est « aujourd’hui », alors que mon film se passe dans les années 1920. Des graphistes très compétents peignent sur ces éléments de décor pour tout rendre crédible. Ainsi, le spectateur se croit dans ces années que l’on a baptisées la Belle Époque.

Pourquoi l’histoire se déroule-t-elle au début du XXe siècle ?

Michel Ocelot : J’ai choisi Paris et la Belle Époque parce qu’il y avait de belles robes qui n’ont existé qu’à cette période-là. Comme d’habitude, je me suis bien renseigné sur l’époque que j’allais traiter. Par exemple, je me suis aperçu qu’il n’y avait pas que des « froufrous » ! C’est à cette époque que les échanges entre les régions du monde se sont multipliés. Presque tout ce que l’on consomme aujourd’hui vient de ces échanges ! Et la liste des personnages célèbres qui ont marqué l’histoire à ce moment-là est impressionnante dans tous les domaines.

Comment peut-on décrire votre nouveau personnage, Dilili ?

Michel Ocelot : C’est une gamine des rues, sans parents. Elle vient de Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique sud. Elle est accompagnée d’une troupe d’habitants de cette île, les Kanaks. Ensemble, ils montrent aux Parisiens leur style de vie à l’autre bout du monde. À cette époque, c’est exotique ! Mais elle est confrontée au racisme à cause de la couleur de sa peau. En Nouvelle-Calédonie, on lui disait : « Tu n’es pas de chez nous, tu es blanche ! » Et à Paris, où elle pensait se fondre dans la foule, on lui dit : « Tu es noire, tu n’es pas de chez nous ! » Elle continue à vivre sa vie malgré tout et ne se laisse pas faire. Et, parallèlement, elle cherche le métier qu’elle veut faire. Ça, c’est l’un des messages pour les plus jeunes : trouvez ce que vous avez envie de faire dans la vie ! Dilili, elle, veut tout faire, comme moi quand j’étais adolescent ! (rires)

Propos recueillis par Pascal Alquier

Dilili à Paris, au cinéma le mercredi 10 octobre.