“Une véritable bouffée d’oxygène”, “un moment de répit où les enfants retrouvent pendant quelques heures un sentiment de sécurité et leur vie d’enfant” : voilà comment les enseignants bénévoles de l’école laïque du Chemin des Dunes parlent de l’école qu’ils font vivre au sein du camp de Calais. On appelle aussi ce camp la « Jungle », comme les réfugiés l’ont eux-mêmes surnommé, en raison de la zone forestière qui l’entoure.
1jour1actu s’est rendu sur place et a pu mesurer à quel point l’école est une parenthèse précieuse pour ces enfants dont les conditions de vie sont très difficiles.
 
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La plupart des familles, fuyant leur pays en guerre, ont parcouru des milliers de kilomètres pour tenter de rejoindre l’Angleterre. En attendant d’y parvenir, les migrants survivent dans le camp de Calais sous des abris de fortune. Certains sont là depuis plusieurs mois, d’autres quelques jours. On estime que près de 4 000 personnes vivent dans cet immense camp, qui s’est progressivement organisé en véritable petite ville. Au milieu des logements de tentes et de cabanes, sont nés une bibliothèque, une église, une mosquée, un théâtre, plusieurs restaurants et épiceries… Et bien sûr, une école.
 

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Le fronton de l’école. © Vincent Gire / Milan presse


 

Une école d’urgence

L’école laïque du Chemin des Dunes n’est pas une école comme la tienne: les enseignants ne sont pas payés par l’État mais sont bénévoles. Les enfants arrivent vers 10 h 30 et sont libres de venir ou pas.
L’école a été construite par Zimako Jones, un réfugié nigérian aidé par d’autres réfugiés et des bénévoles*. C’est un bâtiment en bois, isolé par de grandes bâches noires : les meubles, les livres, les jeux, le matériel scolaire ont été donnés par des particuliers ou des associations.
Cette école est une école d’urgence. Elle propose une solution à des enfants qui sont en transit. En effet, de nombreux migrants du camp de Calais ne souhaitent pas rester en France.

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Zimako Jones. © Vincent Gire / Milan presse


 
 

Des parties du camp rasées

Depuis le mois de janvier, des parties du camp de Calais sont rasées. L’État veut reloger les migrants dans des containers blancs aménagés en chambres. Mais beaucoup d’entre eux ne souhaitent pas s’y installer. Leurs allées et venues sont contrôlées, et la plupart ont peur de la police. Pour les bénévoles qui agissent sur place, et notamment à l’école, détruire des parties du camp de Calais, c’est balayer en quelques minutes « tout ce que les migrants ont réussi à construire peu à peu ».

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Les containers du camp de Calais. © Vincent Gire / Milan presse


 

Et l’école, elle va être détruite ?

Malgré l’opposition de dix associations et de 250 migrants et après plusieurs jours de discussions, la justice a finalement décidé de détruire les tentes et les abris situés dans la zone sud du camp. Mais l’école sera épargnée par les bulldozers. D’autres « espaces sociaux », qui permettent aux personnes de se réunir (une cantine, un restaurant, une bibliothèque…), resteront également debout.
En ce moment, des discussions ont lieu pour proposer une école “en dur” dans le centre social situé juste à côté du camp. Une école assurée par des enseignants de l’Éducation nationale, payés par l’État français. Car tout enfant vivant sur le territoire français a droit à l’éducation et c’est à l’État de garantir ce droit.
*L’École du Chemin des Dunes est soutenue par Solidarité laïque, une organisation qui défend l’éducation des enfants partout dans le monde.