« Avant, je croyais que les films étrangers étaient traduits en français grâce à une application, avoue Ruben. Je ne savais pas que ce sont des comédiens qui prêtent leur voix aux personnages. »
Quand il fait du doublage, Ruben n’est plus tout à fait un acteur. Il est face à un écran, comme un spectateur. Debout, ou assis sur un tabouret de bar, il doit dire le texte qui défile sous les images : « Au début, le piège est d’être trop spectateur, de trop regarder le film et d’oublier de lire son texte. »

Ruben est la voix française du personnage du tigre dans le dessin animé russe Léo et Tig. Là, il est en studio d’enregistrement pour doubler un épisode de ce dessin animé. (© D.R.)

La clé du succès : la concentration !

Les doubleurs doivent donc être très concentrés. « Sinon, notre voix est décalée, déraille, perd son ton naturel. En cas de stress, la voix paraît rouillée, comme avec un chat dans la gorge », décrit Ruben, qui suit aussi des cours de théâtre, au très célèbre cours Florent à Paris.
Au fil des phrases défilant comme des sous-titres, les doubleurs doivent faire passer des émotions, de la joie, de l’étonnement, de la tristesse, du romantisme… « Connaître le jeu d’acteur sert beaucoup pour savoir exprimer telle ou telle émotion », certifie Paloma (13 ans).

Paloma regarde un épisode de Léo et Tig, que Ruben va doubler. Le texte que Ruben va dire est inscrit en bas de l’écran. (© D.R.)

Le plus dur : prendre un accent

Depuis l’âge de 7 ans, Paloma fait du doublage. Bientôt, tu l’entendras dans le film Aline, réalisé par Valérie Lemercier et inspiré de la vie de la chanteuse Céline Dion. « Je fais la voix du personnage à 12 ans. Le plus dur a été de prendre l’accent québécois », raconte, amusée, Paloma.
Comédien depuis l’âge de 7 ans, Gaël découvre tout juste le doublage : « Je ne sais pas pourquoi, mais ma bouille me fait toujours jouer des rôles d’enfants battus, abandonnés, adoptés, pour lesquels j’ai dû apprendre à pleurer sur commande. Là, au moins, dans le doublage, très souvent, je prête ma voix à des personnages joyeux. J’a-do-re ! »
Doubleur de Johan dans Les Malheurs de Monsieur Renard, Gaël préfère même le doublage au tournage de films : « Les séances de doublage peuvent durer toute une journée. Nous sommes avec une petite équipe, qui est moins stressée que sur un tournage. L’ambiance est plus cool. »

Gaël répète son texte. (© D.R.)

Un rêve ? Doubler un Walt Disney

Gaël rêve de pouvoir « un jour doubler des films de Walt Disney, un animal ou un personnage, peu importe… » Un rêve partagé par Ruben et Paloma, qui aurait « tant aimé faire la voix d’Anna dans La Reine des neiges ! »

Sophie Greuil