D’abord un peu de géographie…

Le Royaume-Uni est composé de quatre nations : l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et, à 100 kilomètres des côtes britanniques, l’Irlande du Nord. L’Irlande du Nord est ce petit territoire dans le nord-est. Ses habitants reconnaissent l’autorité de la reine d’Angleterre, donc du Royaume-Uni, et ils sont en majorité de religion protestante.
La république d’Irlande, elle, est un pays indépendant. Ses habitants votent pour un président et ils sont en majorité de religion catholique.

… de l’histoire

L’Irlande a longtemps été occupée par les Anglais, mais en 1949 le pays a gagné son indépendance. Seule une partie, l’Irlande du Nord actuelle, est restée rattachée au Royaume-Uni. Sur ce territoire, la cohabitation entre catholiques et protestants est devenue de plus en plus difficile, à partir des années 1960. Les catholiques défendaient le rattachement de l’Irlande du Nord à la république d’Irlande. Les protestants s’y refusaient absolument. La guerre qui s’en suivit jusqu’à la fin des années 1990 fit 3 500 morts et 50 000 blessés.

… de la politique

Le Royaume-Uni et la république d’Irlande sont membres de l’Union européenne depuis 1973. À ce titre, l’UE a beaucoup bataillé pour stopper le conflit en Irlande du Nord. Son rôle a largement favorisé l’accord de paix conclu en 1998. Premier signe visible de cet apaisement : les barrières érigées le long de la frontière entre Irlande et Irlande du Nord ont disparu au début des années 2000.
Entre ces deux territoires de l’Union européenne, comme entre tous les pays membres, la libre circulation est devenue la règle. Chaque jour, 30 000 personnes franchissent l’ancienne frontière pour le travail ou le tourisme.

… des disputes

Le vote en faveur du Brexit bouleverse la situation. En effet, l’Irlande du Nord va devoir sortir de l’Union européenne, mais pas la république d’Irlande qui, elle, restera dans l’UE. En théorie, il faudrait donc rétablir une frontière entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande. Or voilà : l’Union européenne refuse catégoriquement le rétablissement d’une frontière qu’elle a mis tant d’énergie à faire disparaître. En face, un certain nombre de Britanniques veulent une frontière, au contraire. Sans elle, ils craignent qu’en Irlande du Nord on continue de voyager, de travailler, de commercer comme si l’on était toujours dans l’UE. Or, pour ces Britanniques, le royaume tout entier doit sortir de l’Union européenne.

… et une actualité incertaine !

Impossible de conclure un divorce tant que la question de la frontière irlandaise n’est pas résolue. Jusqu’à présent, toutes les tentatives de négociations ont échoué. L’accord conclu hier entre les Britanniques et l’UE ouvre un espoir, mais il doit être encore voté samedi par les députés britanniques. Or des députés d’Irlande du Nord, farouchement hostiles à l’Union européenne, ont déjà dit qu’ils y étaient opposés. Et leurs voix « contre » pourraient suffire à mettre cet accord… à la corbeille à papier. Le Brexit voté il y a 3 ans pourrait alors être reporté une nouvelle fois !