1jour1actu : Bonjour, Laure ! C’est quoi au juste comme animal, un dugong ?

Laure Luneau : C’est un mammifère marin. Il vit sous l’eau mais respire de l’air, comme les dauphins. C’est un gros animal qui mesure 3 mètres et peut peser 450 kilos. Pourtant, il vit près des côtes, dans des eaux peu profondes et chaudes. En Nouvelle-Calédonie, par exemple, il vit dans le lagon. On le surnomme aussi “vache de mer”, car il se nourrit de petites herbes marines. Il en avale 40 kilos par jour, qu’il broute dans les herbiers du lagon pendant 16 heures !

Le dugong est aujourd’hui menacé d’extinction… ça veut dire quoi ?

Laure Luneau : Qu’il y a de moins en moins de dugongs dans les océans. Si on ne fait rien, cette espèce pourrait donc disparaître ! Il y a plusieurs raisons. En Nouvelle-Calédonie, les habitants ont longtemps chassé et mangé les dugongs. C’est dans leur culture. Mais, aujourd’hui, le dugong est un animal protégé. Le chasser est un acte de braconnage puni par la loi. Mais il y a aussi d’autres causes, comme la pollution des océans, qui détruit les herbiers. Les dugongs ont alors moins à manger. S’ils mangent moins, ils se reproduisent aussi moins.

Il reste beaucoup de dugongs en Nouvelle-Calédonie ?

Laure Luneau : On estime qu’ils sont entre 700 et 800. Mais c’est très peu comparé à l’Australie, qui elle, en compte 70 000 !

comptage dugong Nouvelle-Calédonie

Laure Luneau (à droite) travaille pour la sauvegarde des dugongs en Nouvelle-Calédonie. Sur cette photo, elle pose à côté de Paul, le pilote de l’avion, et Bruno, un scientifique. Pendant tout le mois de novembre, ces deux hommes ont survolé le lagon calédonien à la recherche des dugongs pour les compter. (© CEN-NC)

Mais comment savez-vous qu’il y en a environ 800 en Nouvelle-Calédonie ?

Laure Luneau : On les a comptés ! Plusieurs comptages aériens ont été organisés ces dernières années. Dans un avion, des personnes étaient chargées de compter à œil nu les dugongs qu’ils voyaient dans l’océan. C’est possible, car, quand il fait beau, l’eau du lagon est très claire. Depuis le ciel, on peut facilement apercevoir ce qu’il y a dans l’eau.

À quoi ça sert de savoir combien ils sont ?

Laure Luneau : À mieux les connaître, à voir où ils se situent, à quel endroit il y en a le plus, etc., pour ensuite mener différentes actions sur leur lieu de vie, comme sensibiliser les habitants, et permettre ainsi de mieux les protéger.

Et aujourd’hui, il y en a toujours autant ?

Laure Luneau : On craint que la population ait fortement diminué. C’est pour cela qu’un nouveau comptage aérien a été organisé en novembre. Mais, cette fois-ci, au lieu de les compter à œil nu, nous avons utilisé une méthode expérimentale à l’aide de nouvelles technologies.

comptage dugong Nouvelle-Calédonie

Pour compter les dugongs, l’avion était équipé de nouvelles technologies sophistiquées : un gros ordinateur relié à un puissant appareil photo positionné sous l’avion. (© CEN-NC)

C’est-à-dire ?

Laure Luneau : Un appareil photo ultrapuissant a été installé sous l’avion pour photographier le lagon toutes les 5 secondes. Au total, 15 000 photos ont été prises ! Ensuite, grâce à l’intelligence artificielle, un ordinateur va les analyser : il a appris à reconnaître la forme d’un dugong vu du ciel et sera alors capable d’identifier automatiquement les dugongs sur les photos. Et de dire combien de dugongs il y a lorsqu’il aura terminé d’analyser toutes les photos… en avril !

Propos recueillis par Dakota Gizard