Le mot de trop

Le mardi 8 décembre, le match est commencé depuis un quart d’heure. Un arbitre roumain trouve que l’un des entraîneurs de l’équipe turque est très énervé. Pour le désigner à l’arbitre principal, il emploie le mot « negru ». L’entraîneur concerné, Pierre Achille Webo, l’entend et se sent insulté. Pourquoi ? Parce que « negru » ressemble beaucoup au mot « negro », qui est une injure raciste.
L’arbitre roumain se défend : dans sa langue, « negru » ne signifie pas « negro », mais simplement « noir ». Mais identifier une personne par sa couleur de peau, n’est-ce pas déjà du racisme ?

Des joueurs solidaires

Un joueur de l’équipe turque demande à l’arbitre roumain : « Quand vous parlez d’un homme blanc, vous ne dites pas : “ce joueur blanc”. Alors pourquoi vous le faites avec un noir ? » L’arbitre roumain lui répond : « C’est en langage roumain, c’est comme ça. » Les joueurs comprennent alors que l’arbitre ne s’excuse pas et qu’il s’agit bien d’une insulte. Les deux équipes décident de quitter le terrain ensemble en signe de solidarité envers Pierre Achille Webo. Ils refusent ce soir-là de reprendre le match, qui se jouera finalement le lendemain avec de nouveaux arbitres.

Un pas contre le racisme dans le foot ?

Beaucoup de spécialistes du foot disent que ce match pourrait être historique. L’univers du foot est connu pour son racisme : supporters qui imitent les cris d’un singe à la vue d’un joueur de couleur, insultes entre joueurs, manque de soutien des arbitres…
Jusqu’à présent, un joueur victime de racisme trouvait peu de soutien, et ses protestations étaient rarement prises en compte. Ce match est-il le premier pas vers des comportements plus respectueux dans le foot ? Il faut l’espérer. Même si cela doit prendre du temps !
 

Nathalie Michel