Les gradins sont remplis de spectateurs © Charly Gallo / Communication de la principauté de Monaco.


Ce dimanche, à 13 h 59, sur la grille de départ du Grand Prix de Monaco, on entendra les mouches voler. À 14 heures, les chevaux des formule 1 rugiront comme des tigres. À peine 250 m plus loin, ils arriveront tout droit dans l’un des 19 terribles virages du circuit : Sainte-Dévote. Alors, les 200 000 spectateurs retiendront leur souffle devant le freinage des vingt bolides qui devront passer de 250 à 80 km/h  ! « Les voir arriver sur nous est un moment unique », raconte l’un des 650 commissaires de course bénévoles, répartis sur les 3,4 km de circuit. « Tout vibre : les rails de sécurité, le sol, nos jambes, notre crâne entre le casque et la visière : les voitures semblent littéralement bondir sur nous…» Un peu plus loin, au virage Massenet, elles frôlent les rails de sécurité : tendre le bras permettrait de les toucher !

Un Meccano géant !

Romain Grosjean, lors du Grand Prix de F1 à Barcelone en Espagne, le 14 mai © Urbanandsport / NurPhoto / AFP.


Dans les rues étroites de la ville, conduire à 290 km/h est un défi unique au monde : « Depuis toujours, chacun rêve de gagner le Grand Prix de Monaco au moins une fois dans sa carrière, glisse le pilote français Romain Grosjean (31 ans, huitième en 2014). Doubler dans cette course est difficile, voire impossible.  À la moindre faute, c’est la casse, qui entraîne souvent un carambolage à plusieurs. Sur 78 tours*, Il est vital d’être sur le qui-vive en permanence. Gagner ce Grand Prix, c’est entrer dans la légende ! »

Tout le matériel est précieusement stocké © Charly Gallo / Communication de la principauté de Monaco.


Six semaines avant la course,  les organisateurs construisent le Meccano de Monaco. Cinq cents personnes travaillent à « l’emprisonner » de grillages à grosses mailles, pour filtrer les spectateurs, dessinent son tracé avec 23 km de rails de sécurité, renforcés par 1 420 pneus. En trois semaines, le circuit sera démonté. Chaque rail et chaque écrou sont numérotés et stockés à l’entrée de Monaco.

Pas de pause pipi !

Grand Prix de tous les dangers, cette course est aussi sous haute surveillance pour le public. Le plus redouté ? Un accident qui déclencherait un feu dans les gradins. Ainsi, la piscine est fermée, réquisitionnée comme réserve d’eau pour les 120 pompiers. Autre crainte : qu’à la suite d’un accident, une roue de formule 1 soit catapultée dans la foule : « Aucun autre circuit au monde n’est ainsi quadrillé, explique un commissaire de course. Ici, nous avons interdiction de tourner le dos à la course ». Interdit aussi pour les commissaires de lâcher leur poste pour aller aux toilettes !
La plupart des Monégasques, eux, fuient leur ville, devenue hyperbruyante le temps du Grand Prix. Ils n’oublient pas de louer leur balcon à prix d’or à des spectateurs fortunés !

Sophie Greuil

* Les concurrents doivent faire 78 fois les 3,4 km de la boucle du circuit.