1jour1actu : Votre documentaire, Les Saisons, ressemble à une balade en forêt…

Jacques Perrin : C’est dans cet esprit que je l’ai conçu. La caméra déambule au milieu d’arbres gigantesques, elle suit une multitude d’animaux : des chouettes, des loutres, des bisons, des rhinocéros… Ce n’est pas un film pédagogique, c’est une fable qui invite à regarder la nature. D’ailleurs, hormis au tout début, et sur la fin, je n’ai pas ajouté de commentaires en voix off. Je préférais que l’on écoute le brame du cerf ou plus simplement les pas du loup sur les feuilles mortes.

1jour1actu : Que raconte le film précisément ?

Jacques Perrin : Il y a environ 12 000 ans, la Terre a subi un brutal réchauffement climatique. En Europe, les glaciers ont fondu et une immense forêt a recouvert tout le continent. C’est l’histoire de cette forêt à travers les siècles que je retrace ici. Jusqu’à ce que les hommes, à l’époque peu nombreux, ne la transforment en ville ou en campagne.

1jour1actu : Reste-t-il encore des forêts comme avant en Europe ?

Jacques Perrin : La forêt telle qu’on la montre dans le film n’existe plus. Il en reste néanmoins une – une seule ! – à laquelle l’homme n’a jamais touché, elle se situe dans l’Est de la Pologne. Étrangement, c’est grâce aux tsars qu’elle a été préservée : c’était leur terrain de chasse et ils ne laissaient personne d’autres y pénétrer. Sous peine de mort ! Nous y avons tourné, mais nous avons aussi filmé dans de nombreuses régions de France.

1jour1actu : Comment avez-vous approché les animaux ?

Jacques Perrin : Certaines espèces ont été filmées en toute liberté, comme les ours. Pour les autres, on a utilisé une technique appelée « l’imprégnation » : on recueille l’animal dès sa naissance, on ne le dresse pas, mais on instaure avec lui une relation quasi fusionnelle. Sans cette méthode, il aurait été impossible d’approcher un lynx. Demandez à un scientifique : au pire, il se contente de ses empreintes, au mieux il l’aperçoit une fois par an à travers ses jumelles. Alors que là, on le voit tomber d’une branche ou courser un renardeau. Des scènes inédites.

1jour1actu : De Microcosmos au Peuple migrateur, tous vos films sont consacrés à la nature. Souhaitez-vous faire passer un message ?

Jacques Perrin : En Chine, suite à la projection de l’un de mes films, Océans, une chaîne de restaurants a enlevé les ailerons de requin de son menu. Pour moi, c’est une victoire. Je veux sensibiliser le public, notamment les enfants, en les émerveillant. S’interroger sur notre rapport à la nature et aux animaux aide à devenir meilleur.
 
Notre avis
Un documentaire animalier se tourne généralement en à peine quelques mois. Jacques Perrin et son équipe, eux, ont tourné leur film en presque 2 ans. Et c’est sans doute pour cette raison qu’il éblouit autant. Les Saisons prend la forme d’un poème visuel, où les images, splendides, guident l’émotion. Cet hymne à une nature aujourd’hui disparue enchante, c’est une immense bouffée d’oxygène.
 

Laurent Djian

Découvre des images du film en cliquant sur les photos :


 
Et voici la bande-annonce des Saisons :