Ancien gendarme, Didier Sonnois est un spécialiste dans le domaine de la criminalistique (techniques pour identifier l’auteur d’un crime).

1jour1actu : Des experts sont actuellement présents sur les lieux de l’accident de car de Millas. Quelle est leur mission ?

Didier Sonnois : Ces experts sont des gendarmes. Ce sont des techniciens d’investigation criminelle, c’est-à-dire des spécialistes chargés de comprendre ce qui s’est passé, pour savoir qui est responsable. On les reconnaît à leur combinaison blanche. Pour comprendre ce qui s’est passé, ils doivent relever tous les indices présents sur la scène de l’accident.

Quelle est alors la première mesure à prendre ?

Didier Sonnois : Dans notre langage, on dit qu’il faut “geler” la scène de l’accident. Cela signifie qu’il faut interdire l’accès à toute personne étrangère à l’enquête, afin que rien ne bouge. En effet, l’emplacement du moindre morceau de bois ou de fer peut être un indice expliquant ce qui a provoqué le choc.

Quels sont les outils utilisés pour cela ?

Didier Sonnois : Des instruments de mesure classiques, comme l’odomètre, qui permettent de dire précisément à quelle distance d’un point fixe se trouve chaque indice ; par exemple, à quelle distance a été projeté le pare-brise de l’autocar. On dispose d’outils de plus en plus modernes et précis.

Lesquels, par exemple ?

Didier Sonnois : Le scanner 3D, par exemple, qui permet de fixer la scène, de mesurer rapidement et précisément tous les détails de la scène, puis de reconstituer la scène au moment de l’accident. On pourra ainsi déterminer si la barrière du passage à niveau était ouverte ou fermée. Cette reconstitution (ou modélisation) est aussi donnée en 3D, ce qui permet de se projeter à l’intérieur de la scène, comme si on y était.

Gendarmes

Les gendarmes, pendant l’enquête, cherchent à comprendre les causes de l’accident de car. (© Raymond Roig/AFP PHOTO.)

On a aussi parlé de l’utilisation de drones et de caméras…

Didier Sonnois : Le drone est en effet très utile : il permet de prendre de la hauteur et de voir la scène dans son ensemble. Dans le cas du car, on peut mieux comprendre d’où il venait, où il allait. Il aide à cartographier la scène de l’accident. Il indique aussi aux enquêteurs s’il y a des témoins à proximité, qui auraient pu voir ou entendre quelque chose d’utile à l’enquête.

Et les caméras ?

Didier Sonnois : De plus en plus utilisées, elles aussi. Embarquées à bord des véhicules, elles permettent de voir ce que le conducteur voyait, ou ne voyait pas, au moment de l’accident. Un car vide a ainsi refait le trajet du car accidenté, avec des caméras à son bord pour comprendre ce que la conductrice voyait, à la hauteur précise où elle se situait par rapport à la route et à la barrière.

Finalement, pourquoi ces outils sont-ils si importants ?

Didier Sonnois : Parce qu’ils vont permettre de déterminer qui est responsable. C’est essentiel pour pouvoir rendre la justice et savoir qui va indemniser les victimes.