Comment se sent un enfant qui arrive d’une zone de guerre comme l’Ukraine ?

Marine Armand est psychologue. (D.R.)

Marine Armand : C’est différent pour chaque enfant. Cela dépend de ce qu’il a vécu, et aussi de sa personnalité. Il arrive que des enfants revivent en eux des événements très durs, des choses qu’ils ont vues avant de partir. Alors, parfois, ils sont très en colère ou ils sont tristes et ont envie de pleurer.
D’autres fois, ils préfèrent s’isoler et rester à l’écart. Et puis, il y a aussi des enfants qui vont toujours être en alerte. Ils vont par exemple faire attention au moindre bruit un peu fort, comme le moteur d’une moto. C’est parce que, malgré eux, ils ont encore peur. Heureusement, ils vont aller mieux peu à peu. Et, si ce n’est pas le cas, des psychologues sont là pour les aider.

Et comment se comporter avec eux ?

Marine Armand : D’abord, il faut que tu comprennes que ces enfants ont besoin de temps. Ils ont quitté leur pays, leur maison, leurs amis… tout ce qui faisait leur vie. Ils se retrouvent en France, dans un pays qui n’a pas la même langue ni la même culture. Et, en plus, leur père est souvent resté en Ukraine pour se battre, donc ils sont très inquiets. Ils ont besoin de retrouver petit à petit des habitudes, de nouveaux repères.
Le mieux est d’être tout simplement naturel. Comporte-toi avec eux comme avec les autres enfants. Tu peux, par exemple, proposer des jeux. Il n’y a pas besoin de parler la même langue pour jouer ensemble.
Mais, si tu vois un enfant qui se met en colère ou qui est triste, il ne faut pas le juger. C’est très important de respecter ses émotions. N’hésite pas à en parler à un adulte si tu as du mal à comprendre certaines réactions.

L’école est un lieu où les enfants ukrainiens vont se faire de nouveaux amis, apprendre le français, reprendre des habitudes… Tout cela va leur permettre de construire leur nouvelle vie. (Illustration : Jacques Azam)

Est-ce qu’il y a des choses qu’il vaut mieux éviter de faire ?

Marine Armand : Pas vraiment. Cela dépend des enfants. Par exemple, certains vont avoir besoin de faire des jeux de guerre, car ces jeux vont leur permettre de se libérer de souvenirs douloureux. Mais, au contraire, ces jeux peuvent aussi être mauvais pour d’autres enfants, car cela leur fait revivre des choses qui les ont choquées très profondément.
Et, si tu accueilles aussi un enfant ukrainien chez toi, il vaut peut-être mieux éviter de regarder avec lui des images de la guerre en Ukraine à la télé. Demande d’abord à sa mère ce qu’elle en pense…