Louison, 10 ans, a vu arriver des migrants tout près de chez lui : « Je me suis dit qu’on pouvait se faire des amis… », dit l’écolier qui a souvent joué au football avec eux cet été.
Ce garçon habite dans le quartier où a ouvert, en juillet 2017, un centre d’accueil pour migrants à Briançon, dans le département des Hautes-Alpes.  Des familles des environs ont aussi hébergé des migrants. Ou les ont simplement aidés.

« On ne pouvait pas rester insensibles »

À leur façon, Louison et sa famille ont pris sous leur protection un jeune migrant, qui disait avoir 16 ans.
« On ne pouvait pas rester insensibles. On a pris soin de lui, raconte Léonie, la maman de Louison. Il était atteint de la gale au début. On l’a aidé à voir un médecin. Il venait chez nous se doucher, on l’aidait à laver son linge… Il passait du temps avec les enfants, ça les a ouverts sur l’extérieur car ensemble ils parlaient de son pays d’origine, la Guinée. »

Des élèves qui s’interrogent

Mais l’arrivée des migrants a aussi soulevé des questions dans le quartier. Surtout au mois de juin dernier, quand des migrants ont cessé de s’alimenter pour protester contre la décision de l’État de les renvoyer hors de France.
Pendant cette période, ils campaient dehors sous des tentes. « Beaucoup d’enfants ont vu les banderoles, et ils ont posé des questions pendant 2 jours, dans toutes les classes, racontent Nathalie, enseignante, et Pauline, la directrice de l’école. « Ils nous demandaient : Pourquoi ils sont en colère ? Pourquoi on veut les renvoyer ? Ils sont dangereux ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? »

Des explications rassurantes

Pour expliquer la situation, l’école a fait appel au collectif « Tous Migrants », une association très mobilisée en faveur de l’accueil des migrants. À Briançon et dans ses environs, ses bénévoles interviennent dans des classes : ils lisent des contes africains, organisent des rencontres entre les enfants et des demandeurs d’asile…
À l’issue de cette intervention, Lylie, 10 ans, une élève de l’école, s’est sentie rassurée : « Au début, quand les migrants sont arrivés avec leurs tentes, j’ai eu un peu peur. C’était surprenant. Mais ça va mieux, maintenant que j’ai compris pourquoi ils sont là. Je suis quand même triste pour eux, car ils ont dû quitter leur pays.»

Des pour et des contre

Côté parents, certains se sont plaints car le centre d’accueil a ouvert juste à côté de l’école. Leur souhait aurait été qu’il soit placé ailleurs. « C’est trop proche de l’école », nous dit une maman. La présence de ces personnes étrangères dans le quartier suscite des craintes, même si, selon d’autres parents interrogés, la cohabitation se passe bien.
En fait, les avis sont partagés. « Ici, certains sont d’accord pour aider les migrants, d’autres ne sont pas d’accord », résume une grand-mère. Elle nous explique ne pas trop aimer voir les migrants aller et venir sans pouvoir travailler. Car rappelons qu’ils ne sont pas autorisés à le faire.
Louison, en tout cas, se montre solidaire : « C’est un peu normal pour nous, maintenant, de les voir. C’est bien qu’on s’occupe d’eux. »

Estelle Faure