Tous les matins, Ysée, Lucy, Kim, Elouan, Xavier, Luc, Hugo et Titouan enfourchent leur vélo, direction… l’embarcadère. Ils ne doivent pas être en retard. « Il nous faut prendre le bateau de 8 heures si on veut être à l’heure au collège », indique Ysée.
Le bateau ? Eh oui, ces jeunes collégiens sont des insulaires. Ils vivent sur l’île aux Moines, une toute petite île, longue de seulement 6 km, qui se situe dans le golfe du Morbihan, près de Vannes, en Bretagne. Seulement 600 habitants y résident toute l’année. Si les voitures y sont autorisées, on y circule surtout à pied et à vélo.

Après le vélo, le bateau et le car !

C’est parti pour une journée de cours. (© Stéphanie Biju)


L’île aux Moines compte une école maternelle et primaire, mais est trop petite pour avoir son propre collège. Depuis leur entrée en 6e, Ysée, Lucy, Kim, Elouan, Xavier, Luc, Hugo et Titouan n’ont donc pas d’autres choix que de rallier tous les jours le continent. « La traversée ne dure vraiment pas longtemps, à peine 10 minutes », explique Xavier. Une traversée parfois perturbée par une météo capricieuse. « En début d’année dernière, il y a eu une tempête et le bateau a eu du mal à démarrer, mais c’est rare », se souvient Elouan. « L’hiver, quand il pleut, c’est quand même moins agréable », reconnaît Ysée.
À leur sortie du bateau, un car scolaire attend ces jeunes collégiens, pour les conduire à leurs établissements respectifs. Certains, comme Luc, sont dans le privé. D’autres, dans le public. L’an passé, Ysée, Lucy, Kim et Elouan, eux, étaient tous dans la même classe de 6e. « Ce sont nos parents qui ont demandé à ce qu’on soient tous ensemble, afin de pouvoir se passer plus facilement les devoirs si l’un de nous était absent », explique Lucy.

Dépendants des horaires de traversée

Au collège, leur vie d’insulaires suscite forcément la curiosité. « On nous pose beaucoup de questions, notamment sur le bateau. Mais pour nous, qui vivons depuis toujours ou presque sur l’île, c’est normal de prendre le bateau. C’est comme si on prenait le bus, mais sur l’eau », fait remarquer Elouan. La vraie contrainte reste de dépendre des horaires de traversée. « Je n’ai pas pu continuer le basket à cause de cela, cette année. Les entraînements finissaient trop tard pour pouvoir prendre le dernier bateau », regrette, un peu frustré, Titouan.
Malgré tout, ils aiment tous leur vie sur l’île. Bien loin des clichés de certains de leurs camarades. « Au collège, on nous demande si on a la télévision ou Internet… Comme si on vivait au Moyen Âge ! », déplore Luc. « Ici, on a tout ce qu’il nous faut, rétorque Ysée. On se déplace en toute sécurité et on peut même faire plein d’activités, comme du kin-ball, du badminton, de la danse, du tennis. » « Et puis c’est super de vivre près de la mer, estiment Lucy et Kim. On va à la plage quand on veut ! » Et c’est vrai que tout le monde n’a pas cette chance-là…

Stéphanie Biju