Le cirque de Mafat, un ancien volcan, avec, au loin, le petit village de Marla.
© Jean-François Bègue.

1jour1actu : La Réunion est une île française, située dans l’océan Indien. C’est déjà un territoire étonnant. Mais le cirque naturel de Mafate semble être l’une des régions les plus captivantes de l’île…

Marie-Paule : C’est vrai. C’est en pleine montagne. Beaucoup de touristes viennent y faire de la randonnée. Mais il y a aussi des gens qui y vivent, dans une dizaine de petits villages, très isolés les uns des autres, qu’on appelle des « îlets ». Moi, j’enseigne dans l’un d’entre eux, à Marla. Et ce n’est pas toujours simple…

Pourquoi ?

La Réunion est une île très montagneuse. De nombreux sites ne sont accessibles qu’à pied, ou en hélicoptère. © Jean-François Bègue.


Marie-Paule : Là-bas, le relief est si montagneux, la végétation tellement sauvage, qu’on ne peut pas y aller en voiture. Moi qui habite sur la côte, comme beaucoup d’habitants de la Réunion, je dois me débrouiller. Ainsi, le lundi, je me lève à 4 heures du matin car il me faut prendre 2 bus et marcher 2 heures 30 pour enfin arriver à l’école. La semaine, je reste sur place dans un logement que la mairie met à ma disposition. Le vendredi, je fais la route en sens inverse.

Et qui porte toutes vos affaires ?

Marie-Paule : C’est moi ! J’ai un gros sac à dos, de bonnes chaussures, et de quoi me protéger car je vais à Marla qu’il pleuve ou qu’il vente ! Mais après chaque vacances scolaires, l’Éducation nationale, qui m’emploie, me fait une faveur : j’ai le droit de monter à bord de l’hélicoptère, j’en profite pour apporter ce dont j’ai besoin. Et là, j’arrive en 15 minutes sans transpirer !

Ça fait quoi de venir travailler en hélico ?

Marie-Paule : J’adore ! Je survole toutes les montagnes, tous les sentiers. C’est magnifique. Et quand les enfants me voient arriver, c’est la fête. Tout le monde est content.

Parlez-nous des enfants justement…

Grâce à l’informatique, les élèves restent en contact avec le monde extérieur. © Jean-François Bègue.


Marie-Paule : À Marla, il n’y a que 60 habitants. Donc il n’y a qu’une seule classe. Cette année, j’ai 11 élèves, de la maternelle au CM2. Chez eux, ils parlent le créole, la langue régionale. Dans la classe, on parle français. Ces enfants vivent entre eux car le plus proche village est à 1 h 30 de marche. Mais l’informatique nous permet de communiquer avec l’extérieur. Et puis, on a de la chance, on dispose de moyens modernes, comme un TBI, un tableau blanc interactif.

Quels sont les rapports avec vos élèves ?

Marie-Paule : Cela fait 7 ans que je travaille à Marla. Comme je suis la seule maîtresse, j’enseigne aux élèves depuis leur maternelle. Du coup, c’est un peu mes enfants. Et d’ailleurs, je suis souvent invitée aux fêtes de famille !

C’est dur de travailler loin de chez soi, dans un endroit si reculé ?

Comme ses camarades de classe, Claire profite de cette vie si particulière. À son entrée au collège, elle devra quitter ses montagnes pour partir étudier sur la côte.
© Jean-François Bègue.


Marie-Paule : Oh non, pas pour moi ! J’aime la nature et la solitude et je vis mieux que beaucoup d’adultes qui subissent les embouteillages, le bruit, la pollution. Par contre, il faut être organisée. Par exemple, pour l’électricité, nous n’avons que des panneaux solaires. Les enfants le savent : ils doivent être très économes, notamment pour l’utilisation des écrans.

Et s’il vous manque quelque chose ?

Marie-Paule : Il faut attendre le prochain passage de l’hélico ! Ou… savoir s’en passer : l’an dernier, je voulais profiter de mon vol en hélico pour apporter des œufs en chocolat à Marla, à la fin des vacances de février. Mais il n’y en avait pas encore dans les magasins. Donc je les ai ramenés dans mon sac à dos, dès que j’ai pu en trouver dans les commerces. C’est comme ça !
 
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