Gilles Bertrand est professeur d’histoire moderne à l’université de Grenoble et à celle de Venise (Italie). Il a aussi écrit un livre* sur le carnaval de Venise.

1jour1actu : C’est quoi, le carnaval ?

Gilles Bertrand : C’est un moment dans l’année où l’on fait une pause. L’un des premiers carnavals est né à Venise, en Italie, il y a 1 000 ans. À cette époque, c’est le Moyen Âge, et la vie est difficile. On travaille très dur toute l’année. Alors, le carnaval permet de se libérer pendant une courte période. On fait la fête en dansant, en mangeant de la nourriture grasse et en se déguisant.

Pourquoi cette fête a-t-elle été créée ?

Gilles Bertrand : Le carnaval a lieu juste avant une période que l’on appelle le carême.  C’est un temps de 40 jours pendant lequel les catholiques mangent et boivent moins que d’habitude. Les dirigeants de l’Église catholique ont créé le carnaval pour laisser un moment de liberté aux croyants, avant toutes les privations. L’Église pouvait ensuite imposer des règles plus strictes le reste de l’année.

Ça signifie quoi de se déguiser ?

Gilles Bertrand : En se déguisant, on change d’identité. Un homme peut devenir une femme, un vieillard peut devenir jeune, une personne triste peut porter le masque d’un personnage heureux… L’idée, c’est de s’inventer une autre vie. On se libère des contraintes, on fait ce que l’on veut, mais juste le temps du carnaval.

Comment est célébré le carnaval aujourd’hui ?

Gilles Bertrand : Aujourd’hui, nous avons davantage de libertés et le carnaval a moins de sens. On n’a plus besoin du carnaval pour se défouler. Mais on sent un désir de retrouver un temps différent du reste de l’année.

Quelles sont les différences entre tous les carnavals qui existent dans le monde ?

Gilles Bertrand : Il y a des carnavals très anciens, comme celui de Venise, qui ont été créés pour des raisons religieuses. D’autres ont été inventés il y a environ 150 ans et sont plus destinés aux touristes. Ils ne sont plus liés à l’idée de manger de la nourriture grasse avant de se priver. C’est le cas du carnaval de Nice, dans le sud de la France.
Et, pour finir, il y a des carnavals politiques. Ils ont été créés dans des territoires où vivaient, par exemple, des Noirs et des Blancs. Comme en Guyane ou à la Nouvelle-Orléans (États-Unis). Leur but est d’unir dans la fête des personnes différentes.

Propos recueillis par Cyrill Roy

* Gilles Bertrand, Histoire du carnaval de Venise : du XIe siècle à nos jours, éditions Tallandier, collection « Texto ».
 
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