Bea Johnson avec son mari et ses deux garçons de 13 et 15 ans.

Bea Johnson avec son mari et ses deux garçons de 13 et 15 ans.

1jour1actu : Comment faites-vous pour jeter aussi peu de déchets quand on sait qu’en France chaque habitant produit en moyenne 354 kilos d’ordures ménagères par an ?

Béa : La règle d’or, c’est qu’il faut contrôler tout ce qui rentre dans sa maison. Pas question, par exemple, d’acheter des produits emballés car il faut alors jeter le plastique ou le carton. J’achète donc le maximum de produits en vrac ou à la coupe (comme le fromage ou le jambon). Pour le lait et l’huile, je remplis mes bouteilles vides à partir de distributeurs installés dans certains magasins, comme cela existe aussi en France. Autre exemple : les produits de toilette. J’achète un pain de savon qui sert de savon, de shampoing et de crème à raser pour mon mari. Ainsi nous avons remplacé 3 produits par un seul.

1jour1actu : Et comment faites-vous quand on vous fait des cadeaux ?

Béa : Ma règle est de refuser avec politesse, gentiment, en disant : « Non merci, je n’en ai pas besoin, j’ai décidé de simplifier ma vie ». Très vite, les gens prennent le pli. Quand ils veulent nous faire un cadeau, ils nous demandent d’abord ce dont nous avons vraiment besoin.

1jour1actu : Vous n’avez pas peur de vexer ou de faire de la peine ?

Béa : Les gens comprennent bien. Ils sont eux-mêmes débordés par des tas de choses inutiles qui les obligent à passer leur vie à ranger, à réparer, à laver, et finalement à jeter.

1jour1actu : Et vos enfants, qu’en pensent-ils ?

Béa : Nous leur avons appris à dire non. Et ne croyez pas que ça les isole : ça apprend à être fort de savoir dire non ! Du coup, dans leur chambre, on trouve peu de jeux, de livres, d’habits… seulement leurs préférés. Et le grand avantage, c’est qu’on ne passe pas notre vie à leur dire de ranger leur chambre : elle est naturellement en ordre puisqu’il n’y a rien en trop.

1jour1actu : Et pour leurs vêtements ?

Béa : On achète tout dans des boutiques d’occasion où on trouve même des habits de marque. Je les propose à mes enfants car je ne veux pas qu’ils me reprochent plus tard de les en avoir privés. Mais comme ils ont toujours été élevés avec peu, ils ne m’en réclament pas. Ils ont compris que demander toujours plus de choses était un piège.

1jour1actu : Comment ça ?

Béa : Avoir beaucoup, ça demande de l’argent mais aussi de l’espace, du temps, et enfin de l’énergie parce qu’il faut ranger, surveiller, faire garder, protéger. Bref, ça dévore. Inversement, avoir peu, ça permet de vivre plus zen et de faire des choses super : par exemple, l’argent que nous économisons au quotidien, nous nous en servons pour faire de belles expériences, comme cette nuit passée dans un hôtel sous l’eau tous ensemble, en famille. Avant de partir, nous avons loué notre maison et, là aussi, c’était simple. Comme nous avons peu de choses, nous rangeons toutes nos affaires personnelles dans une valise, et nous laissons notre maison sans crainte à des gens que nous ne connaissons pas.

1jour1actu : Avez-vous l’impression d’être un peu extrémiste ?

Béa : Pas du tout ! Nous ne nous privons de rien. Nous vivons dans une maison confortable, nous avons une voiture. Nos enfants ont des copains… Les gens pensent qu’on est riches par ce que l’on possède. Mais non : on est riches par ce que l’on fait, par ce que l’on vit. Le verbe « être » est plus important que le verbe « avoir ».

1jour1actu : Vous prenez beaucoup l’avion pour expliquer votre mode de vie dans le monde entier. Prendre l’avion, ça pollue beaucoup…

Béa : C’est vrai. Mais si, pendant ces conférences, j’arrive à convaincre une seule personne de changer sa façon de consommer, alors ce vol en avion aura été plus profitable que nuisible.

Zéro déchet-HDÀ lire (pour tes parents) : Zéro déchets. 100 astuces pour alléger sa vie. Éditions J’ai lu.