1jour1actu : Beaucoup de candidats aux élections européennes disent être « contre l’Europe ». Que cela signifie-t-il ?

Bruno Cautrès : Le Rassemblement national, le parti de Marine Le Pen, par exemple ne veut pas d’une Union européenne avec une politique commune. Il veut une Europe des nations : chaque pays prend ses décisions tout seul. Il peut y avoir simplement des coopérations, mais limitées.

Est-ce qu’il existe des différences parmi ceux qui disent être contre l’Europe ?

Bruno Cautrès : Oui. Il y a ceux qui sont contre le principe d’une union entre les pays. Et il y a ceux qui veulent bien qu’on décide ensemble, mais autrement.

Pourquoi vouloir devenir députés européens s’ils sont contre l’Union européenne ?

Bruno Cautrès : Leur idée est de combattre l’Union européenne de l’intérieur. En étant députés au Parlement européen, en votant les lois, ils veulent changer ce qui ne va pas, selon eux, dans l’Union européenne.

Pourquoi l’Europe est-elle critiquée ?

Bruno Cautrès : Beaucoup de Français ont peur de perdre des droits sociaux (par exemple, avoir de moins bonnes conditions de travail), de voir arriver de plus en plus de migrants dans notre pays. Ils ont aussi peur que les frontières ne soient pas assez contrôlées. Ils craignent que la France ne puisse plus décider de ce qui est bon pour elle.

D’où vient cette peur ?

Bruno Cautrès : Nous assistons actuellement à une très grande transformation du monde ! Dans le domaine économique, par exemple, les échanges entre les pays se sont multipliés. L’Union européenne a connu aussi une grave crise économique en 2008. Un pays, la Grèce, a même été au bord de la faillite. Tout cela inquiète. Et quand on est inquiet dans sa vie, pas seulement en politique, c’est dur d’aller vers les autres. On a tendance à se replier sur soi, à vouloir rester seul.

Propos recueillis par Sandra Laboucarie