1jour1actu : Les familles européennes se ressemblent-elles en Europe ?

Nathalie Morel : Pas vraiment. Mais il y a des tendances communes : de plus en plus de parents ne sont pas mariés et les familles monoparentales sont plus nombreuses.

Peut-on alors distinguer des grands groupes de familles européennes ?

Nathalie Morel : Les pays au sud de l’Europe, comme la France, ont un modèle assez traditionnel où, quand les enfants sont petits, la tendance est plutôt que l’homme travaille et la femme s’occupe des enfants. C’est le cas aussi au Royaume-Uni. Mais dans les pays nordiques (Suède, Danemark…), beaucoup de pères prennent un congé parental. C’est le cas aussi au Portugal.

Parmi les pays nordiques, la  Suède est souvent cité en exemple… Pourquoi ?

Nathalie Morel : Parce qu’il y a quarante-cinq ans, en 1974, la Suède était le premier pays à proposer un congé parental qui s’adresse aux deux parents. Aujourd’hui, il dure seize mois, dont trois mois sont réservés au père. Pendant cette période où le parent ne travaille pas, l’État lui verse de l’argent, presque autant que s’il travaillait.

Et est-ce efficace ?

Nathalie Morel : Oui. Presque autant de pères que de mères prennent un congé parental. Mais les pères s’arrêtent moins longtemps que les mères.

Est-ce que ce modèle influence les autres ?

Nathalie Morel : En 2007, l’Allemagne a choisi un modèle assez proche. Pendant le congé parental, l’État verse aussi de l’argent au parent, qui correspond à plus de la moitié du salaire. C’est beaucoup plus qu’en France par exemple.

Pourquoi favoriser l’investissement des pères ?

Nathalie Morel : D’abord pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Les femmes ont plus de mal à trouver un emploi, parce que les employeurs pensent qu’elles vont s’arrêter pour élever leur enfant. Quand il y a un meilleur partage des tâches entre les deux parents, il y a aussi plus de naissances ! En Suède, aujourd’hui, le taux de fécondité est plus élevé qu’ailleurs.

Propos recueillis par Sandra Laboucarie