1jour1actu : Bonjour Philippe. Vous venez d’explorer un magnifique massif sur l’île de Sulawesi en Indonésie, mais comment avez-vous découvert ce site encore inexploré ?

Philippe Mistral : En étudiant les cartes ! On a cherché les endroits où il n’y avait aucune trace de présence humaine, aucune route par exemple. Et là, on a découvert le massif de Matarombeo, dans le sud-est de l’île de Sulawesi, en Indonésie.

Quand vous partez en expédition, êtes-vous tout seul ?

Philippe Mistral : Non pas du tout, je pars avec l’équipe de l’association Naturevolution, fondée en 2009 par Evrard Wendenbaum, un très grand explorateur. Je travaille avec elle depuis 2015.

Et qu’avez-vous découvert, dans le massif de Matarombeo ?

Philippe Mistral : Une faune et une flore incroyables ! On a retrouvé des espèces qui avaient disparu de toute la région et qui se sont réfugiées dans ce massif, par exemple. Et puis, nous avons observé des karsts d’une grande rareté.

Mais, c’est quoi votre métier exactement ?

Philippe Mistral : J’ai un diplôme de géographe, mais mon métier consiste surtout à organiser des expéditions pour l’association pour laquelle je travaille. Notre démarche est d’amener la science dans des lieux où elle ne pourrait pas aller, car les scientifiques ne sont pas forcément des explorateurs, ils sont avant tout spécialistes d’un oiseau, d’une fourmi, d’un primate, etc.

Pour accéder à des lieux pareils, il faut avoir des compétences particulières ?

Philippe Mistral : Oui, mais souvent, on apprend sur le tas. C’est comme ça que j’ai appris à escalader, à faire de la plongée sous-marine, à me méfier de tel ou tel animal, etc. On arrive vite à nos limites physiques, mais à ce moment-là, c’est le mental qui prend le relais pour nous aider à continuer.

Et votre association, Naturevolution, a-t-elle d’autres objectifs ?

Philippe Mistral : Oui ! Notre rôle est également de sensibiliser le grand public et les populations, qui vivent à côté des lieux qu’on a explorés, à protéger la nature. C’est pourquoi, nous partons souvent avec une équipe de tournage vidéo afin d’expliquer aux gens l’intérêt de protéger le site qu’on a découvert.

Avez-vous déjà eu très peur pendant l’une de vos expéditions ?

Philippe Mistral : Oui, lorsque j’ai fait de la plongée dans la baie de Matarombeo et que j’ai nagé au milieu de serpents de mer, magnifiques mais très dangereux. On les appelle « tricot rayé » à cause de leur apparence, mais à la moindre morsure, c’est la mort assurée !
 

Propos recueillis par Claire Morand