Éléphants, lions, singes… en France, la loi autorise les cirques à faire des numéros avec un certain nombre d’animaux sauvages, à condition que leurs dompteurs s’occupent bien d’eux et qu’ils les hébergent dans de bonnes conditions. Cela n’empêche pas certaines villes françaises et certains pays (l’Irlande et l’Italie, par exemple) de refuser ce type de spectacles.

 

1jour1actu est allé interroger Cédric Sueur*, chercheur en éthologie et en éthique animale, pour avoir des explications.

Cédric Sueur. (© DR.)

1jour1actu : Pourquoi la présence des animaux sauvages dans les cirques pose-t-elle question ?

Cédric Sueur : Tout est parti de travaux menés par des scientifiques il y a plus de 10 ans. Ces derniers ont étudié le comportement et le bien-être des animaux captifs, dont certains dans les cirques. Ils se sont rendu compte que les animaux sauvages n’étaient pas adaptés à la vie dans des petites cages itinérantes, et qu’ils n’étaient pas faits pour être dressés. Ils semblaient souffrir. Il a ensuite fallu attendre que ces travaux de recherche soient pris en compte par le reste de la société et que des décisions commencent à être prises dans les villes et les pays.

Comment voit-on qu’un animal souffre ?

Cédric Sueur : Plusieurs signes peuvent le montrer. L’un des premiers est un comportement anormal que l’on ne voit pas à l’état sauvage : les félins, par exemple, vont faire les 100 pas, l’éléphant va balancer la tête. Un autre signe est la perte de poils ou de poids, même quand l’animal mange bien. Ce sont des pistes qui nous montrent que les animaux sont stressés et dépressifs, même s’ils ne sont pas maltraités.

Est-ce que cette décision concerne aussi les animaux domestiques (chien, chat, chevaux) dans les cirques ?

Cédric Sueur : Non, car les animaux domestiques ont appris à vivre avec l’homme depuis des milliers d’années. Ils ont l’habitude et ne sont pas malheureux à leur contact. Au contraire, ils en tirent même du plaisir. Pour comprendre cette différence, il suffit de regarder un cheval domestique et un cheval sauvage, comme celui de Przewalski. Le premier se laisse approcher naturellement alors que le second est très agressif. Il ne sera pas fait pour les cirques.

Et les zoos ?

Cédric Sueur : Le problème est différent car, dans les zoos, les animaux sont le plus souvent accueillis dans de grands espaces et ne sont pas déplacés sans cesse, à la différence des cirques. En plus, ils ne travaillent pas avec des hommes pour apprendre des numéros. On n’observe donc pas les mêmes réactions de mal-être. Il y a quand même une exception avec les otaries ou les dauphins. Ces derniers participent souvent à des spectacles, ce qui revient à faire du cirque. Ces numéros commencent aussi à être remis en question.

 

Et toi, qu’en penses-tu ? Est-ce que tu trouves qu’il faut continuer à proposer des numéros avec des animaux ?

Propos recueillis par Muriel Valin

 * à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien de l’université de Strasbourg.