« Sortez vos cahiers, on commence la dictée ! » Ce matin-là, dans la petite école de la tribu kanake de Wakuarori, sur l’île de Maré, une dizaine d’élèves de CM2 écoutent attentivement leur maîtresse, Daniela. La veille, la journée était consacrée aux évaluations de fin d’année. Car ici, en Nouvelle-Calédonie, l’année scolaire se termine… vendredi !

Maré, une île calédonienne sans lycée

« Après les grandes vacances, en février, tous les élèves de la classe passeront en 6e, explique la maîtresse. Alors, à la rentrée, il y aura encore moins d’enfants dans notre école. » En effet, chaque année, les écoles de l’île se vident. Car de plus en plus d’habitants de Maré déménagent à Nouméa, la plus grande ville de Nouvelle-Calédonie, pour y trouver du travail. Et permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études : « À Maré, il y a plusieurs écoles primaires. Mais seulement 2 collèges et… aucun lycée », déplore la maîtresse.

Des prénoms en langue kanake

Dans cette classe, comme dans toutes les autres écoles de l’île, la plupart des élèves sont d’origine kanake. Ils vivent dans des tribus voisines de l’école. « Tribu, c’est le nom donné aux villages habités par les Kanaks, le peuple mélanésien de Nouvelle-Calédonie, explique Nora, 11 ans. Dans les tribus kanakes, contrairement aux villages, il n’y a pas de maire mais des grands et des petits chefs, qui le deviennent de père en fils, c’est la tradition ! »
En Nouvelle-Calédonie, 4 habitants sur 10 sont d’origine kanake. La culture et les traditions mélanésiennes sont donc très présentes et très respectées sur ce territoire français. « Chaque enfant de la classe a un prénom en français. Mais aussi un prénom en langue kanake, explique Marie-Claudia, 10 ans. Moi, par exemple, je m’appelle aussi Wajuné. Audrey se prénomme Kairuné, Ashley, Waéj, Bernard-Richard, Wadé, etc. »

L’école en français, et aussi en nengone !

Dans toutes les écoles calédoniennes, les programmes scolaires sont les mêmes qu’en métropole. Mais, en plus de l’histoire de France, les élèves apprennent aussi l’histoire de leur l’archipel, la Nouvelle-Calédonie. (© D. Gizard)


Et même si les Kanaks parlent tous français, tous ne pratiquent pas la même langue kanake. Car il en existe plus d’une trentaine ! « À Maré, dans les tribus, on parle le nengone, qu’on apprend aussi à lire et à écrire à l’école », explique Rose, 10 ans.
Si cette langue est « plus difficile que le français », elle est aussi « très pratique lorsqu’on veut se dire des secrets en classe. Car la maîtresse vient de Lifou, une île voisine. Elle, elle parle le drehu, et ne comprend donc pas le nengone », révèlent les CM2 en riant !

Dakota Gizard