1jour1actu : C’est quoi, le blob ?

Audrey Dussutour : C’est un organisme vivant, mais ce n’est pas un animal, ni une plante, ni un champignon. Il est très vieux : il est apparu il y a 1 milliard à 500 millions d’années ! Sa particularité est qu’il n’est constitué que d’une seule cellule, avec des millions de noyaux à l’intérieur. Par comparaison, le corps d’un être humain contient 100 000 milliards de cellules, et chacune a un seul noyau.

Y a-t-il plusieurs sortes de blob ?

Ce petit blob rose a été découvert dans les Hautes-Pyrénées. © Véronique Larrue


Audrey Dussutour : À ce jour, 1 000 espèces sont connues, avec des formes et des couleurs différentes. Cela représente environ 5 % de ce qui existe. Dans la nature, sa taille varie de 1 cm2 à 1 m2 mais, en laboratoire, il peut atteindre 10 m2 ! Un blob, c’est un peu comme de la pâte à modeler : on peut le couper, assembler les morceaux, le recouper, etc.

Où les trouve-t-on ?

Observé aux États-Unis, ce blob jaune est en train de manger des champignons ! © Léa Briard


Audrey Dussutour : Dans les sous-bois, où il n’y a pas trop de lumière. Il ne faut pas qu’il fasse trop froid ni trop chaud. Il y en a dans tous les pays et tout le monde peut les voir ! Sauf que, souvent, on les confond avec un champignon !

Pourquoi travaillez-vous sur le blob ?

Audrey Dussutour : Son comportement est intéressant : il sait se déplacer, 4 cm par heure, tout en laissant des traces translucides, et prendre des décisions. Il a une forme simple d’intelligence. Par exemple, il sait trouver la sortie dans un labyrinthe par le chemin le plus court, ou sélectionner sa nourriture !

A-t-il un rôle particulier ?

Ce blob jaune mange des bactéries déposées sur des flocons d’avoine, organisés pour que l’on lise le mot… blob ! © Audrey Dussutour


Audrey Dussutour : Il a une très grande importance écologique : c’est un prédateur de bactéries ! Dans la nature, un blob digère des bactéries et rejette des micro-éléments qui sont ensuite utilisés par les champignons ou les plantes pour se nourrir. Les blobs sont fondamentaux dans la chaîne alimentaire.

Peut-il être utile à l’homme ?

Audrey Dussutour : Actuellement, nous en sommes au début de nos recherches. Par exemple, le blob a un système veineux très efficace, que l’on pourrait copier. Il y a aussi des applications possibles contre les cancers et les bactéries.

D’où vient le nom de « blob » ?

L’affiche original du film américain The Blob © DR


Audrey Dussutour : Le vrai nom du blob est Physarum polycephalum… c’est très compliqué à prononcer ! Le mot « blob » vient d’un film d’horreur des années 1950 où il est question d’un extra-terrestre, le blob, qui arrive sur Terre, qui grossit et avale les gens ! Notre blob n’est pas dangereux du tout, lui. Il ne nous envahit pas et il ne vient pas de l’espace !

Propos recueillis par Myriam Martelle