1jour1actu : Depuis combien de temps es-tu le guide de Thomas ?

Julien : Cela fait quatre ans. Thomas est kinésithérapeute en Haute-Savoie. C’était le kiné de ma grand-mère. On s’est connus comme ça. Il m’a dit qu’il cherchait un guide. Je n’y connaissais rien, mais je me suis lancé.

Explique-nous en quoi consiste le travail du guide.

Julien : Je suis équipé d’un petit micro, plaqué sur la gorge, et d’un haut-parleur placé à la ceinture. Thomas se déplace à skis en suivant uniquement ma voix.

Ce n’est pas trop dur ?

Julien : C’est vrai que ça demande du souffle, parce que je dois toujours parler et tout faire pour qu’il exprime le meilleur de lui-même en course. Mais j’ai participé aux championnats de France de ski de fond. Donc, je ne me débrouille pas trop mal.

Tu ne regrettes pas le temps où c’était toi, le champion ?

Julien : Pas du tout. J’ai eu une très belle carrière nationale, mais le fait de m’occuper de Thomas m’a soigné de mon égoïsme. Quand on est champion, on ne pense qu’à soi, qu’à sa santé, qu’à ses résultats. Être guide m’a appris à me tourner vers les autres.

À quel rythme vous êtes-vous entraînés pour ces Jeux ?

Julien : Un truc énorme, tous les soirs, tous les mercredis et tous les week-ends. Douze heures par semaine pendant quatre ans !

As-tu un travail, en dehors de cette activité ?

Julien : Oui, je suis professeur des écoles. J’ai une classe de CM2. Ce métier me laisse donc du temps pour faire le guide. Mais comme je viens d’avoir un bébé, je ne m’occuperai plus de Thomas après ces Jeux. Maintenant, je vais me consacrer à ma famille.

En fait, avec Thomas, vous êtes tout le temps ensemble. Ce n’est pas un peu pesant, parfois ?

Julien : C’est sûr. On passe plus de temps ensemble qu’avec nos femmes ! Quand on s’entraîne, on est tellement près, que nos skis se frôlent parfois. Et quand on part en stage ou en compétition, je m’occupe de Thomas 24 heures sur 24. Je lui prépare même son petit déjeuner ! Alors on s’engueule un peu, mais comme le font des amis.

Tu es content de te retrouver à Sotchi ou tu es surtout stressé ?

Julien : Je suis comme un élève qui a bien révisé et qui a hâte qu’on l’interroge ! Ça fait quatre ans qu’on attend ça. On est au top ! J’espère que Thomas rentrera avec une médaille. Il pourra alors s’entourer d’un vrai guide professionnel.

Quelle est la chose que tu redoutes ?

Julien : Une extinction de voix. Ce serait terrible. Mais bon, en général, j’ai une voix en forme et bien sonore. J’ai fait du trombone quand j’étais petit. Ça aide…
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