Un grognement se fait entendre depuis la salle des soins de la clinique des phoques d’Océanopolis à Brest. L’endroit sent un peu le poisson. Allongé dans un box, un jeune mâle aux grands yeux noirs un peu tristes se repose. « Il commence à aller mieux, mais il est encore très fatigué », explique Patrick Le Ménec, soigneur dans cette clinique spécialisée. Chaque hiver, c’est là que sont recueillis les jeunes phoques gris retrouvés échoués sur les côtes. Près de 500 y ont été soignés en 30 ans !
« Ces phoques gris, dont l’espèce est protégée en France, naissent en octobre-novembre. Au bout de trois semaines, ils sont abandonnés par leur mère. Ils doivent donc apprendre à vivre et à chasser tout seuls », raconte Patrick Le Ménec. Certains, malades ou épuisés par une mer trop agitée, finissent par se réfugier à terre où ils puisent dans leur réserve de graisse. Affaiblis, ils ne peuvent plus repartir.

Attention à la morsure !

©Stéphanie Biju

©Stéphanie Biju 


À cause des nombreuses tempêtes qui ont sévi cet hiver, la clinique des phoques d’Océanopolis affiche complet ! Une vingtaine de phoques y sont soignés. Celui qui grogne dans son box est le dernier arrivé. « Quand on l’a récupéré, il pesait 20 kg. Il était très fiévreux. Il avait aussi de nombreuses plaies sur le corps, dont une grosse coupure sur la patte arrière droite », se souvient Patrick. Isolé, on l’a d’abord nourri à la bouillie de poissons. On lui a aussi prescrit des  antibiotiques et de la pommade. Pas si facile de lui en appliquer ! L’animal se défend. Le soigneur, qui a enfilé des gants épais avant de l’attraper, réussit à l’immobiliser. « Il faut faire attention car il peut nous mordre et nous transmettre des maladies », prévient Patrick.

3 kg de poissons par jour

©Stéphanie Biju

©Stéphanie Biju 


Bientôt, ce jeune phoque rejoindra les autres dans des bassins extérieurs. Ensemble, ils retrouvent ainsi leur instinct sauvage. « Au moment du repas, c’est la compétition dans les bassins ! », s’amuse Patrick. Lorsqu’il s’approche, un seau rempli de poissons à la main, les petites têtes grises sortent de l’eau, prêtes à les attraper au vol ! Au menu chaque jour : trois kilos de poissons pour chaque phoque. De quoi se constituer une bonne réserve de graisse avant d’être relâchés en mer, en mars prochain. Ils pourront alors rejoindre la plus grande colonie française de phoques gris. Elle vit au large de la Bretagne, dans l’archipel de Molène.
 
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