Lucille Lheureux, adjointe à la mairie de Grenoble. © Thierry Chenu

Lucille Lheureux, adjointe à la mairie de Grenoble.
© Thierry Chenu

1jour1actu : Vous voulez supprimer la publicité dans les rues de Grenoble. Mais qu’avez-vous à lui reprocher ?

Lucille Lheureux : La première chose que je lui reproche, c’est que la publicité n’a plus sa place dans la ville d’aujourd’hui.

 1jour1actu : Expliquez-nous…

Lucille Lheureux : Il y a quelques années, une ville, pour se donner une image moderne, devait accorder une grande importance aux voitures, aux parkings, aux centres commerciaux, à la publicité… Mais aujourd’hui, les villes ont changé : elles développent les transports en commun, les rues piétonnes, les places où il fait bon s’asseoir… Elles recherchent comment économiser l’éclairage, comment diminuer le bruit. La publicité a un côté dépensier et agressif dans lequel beaucoup de villes ne se reconnaissent plus du tout.

 1jour1actu : Pourquoi dites-vous que la publicité est agressive ?

Lucille Lheureux : Elle est agressive car elle vous saute aux yeux sans vous demander votre avis. Elle s’impose de façon autoritaire. Les enfants sont encore plus touchés car ils ont du mal à faire la différence entre une vraie information et une publicité. Et, évidemment, la publicité est aussi agressive dans ce qu’elle montre, dans ses messages. Beaucoup, par exemple, sont sexistes : elles utilisent le corps des femmes pour vendre n’importe quoi.

1jour1actu : La publicité a des défauts, mais elle rapporte de l’argent aux villes, ce qui permet de payer des activités de loisir, de refaire des rues…

Lucille Lheureux : La publicité nous rapporte très peu d’argent par rapport à d’autres activités. Ce n’est donc pas une grosse perte. Par contre, notre environnement va beaucoup y gagner. À la place des panneaux enlevés, nous allons planter des arbres et nous allons développer l’affichage utile : celui qui informe sur les spectacles qui se jouent en ville, les rencontres sportives, les activités des associations…

1jour1actu : Pourquoi êtes-vous la seule ville de France à prendre cette décision ?

Lucille Lheureux : En Belgique, en Suisse, des villes commencent à se poser des questions. En France aussi, avec de grandes villes comme Lille ou Bordeaux. C’est donc un début de réflexion, mais il est vrai que cela reste encore modeste. Dans le monde, seule la ville de São Paulo, au Brésil, a franchi ce pas… avec Grenoble et la petite ville de Forcalquier dans le sud de la France.