Christian Clot

(© Adaptation)


1jour1actu : Dans votre livre, vous expliquez que, enfant, vous aviez déjà envie d’explorer le monde, mais que l’école ne vous a pas du tout encouragé dans cette voie…
Christian Clot : C’est sûr ! À l’école, on nous fait souvent croire que tout est connu, qu’il ne reste rien à découvrir, qu’on sait tout. Et donc cela n’encourage pas à aller voir ailleurs. Moi, j’ai toujours eu du mal à croire que l’homme connaissait tout.
Vous avez pris pas mal de risques pendant votre adolescence…
Christian Clot : Oui, je n’en suis pas fier, mais j’avais un tel besoin d’ailleurs, d’autre chose, que j’ai fait pas mal de sports extrêmes, très risqués, comme sauter d’une falaise en parachute.
Quand êtes-vous vraiment devenu explorateur ?
Christian Clot : J’ai commencé par voyager pour moi, pour mon plaisir, mais un jour, je suis parti faire, à pied, le tour du Népal, un pays d’Asie dans l’Himalaya. Ça a été la révélation, car j’ai compris qu’il restait des mondes inconnus, des peuples qui n’avaient jamais vu d’hommes blancs… Ces gens m’ont montré que nous étions très loin de tout connaître.
Et alors…
Christian Clot : Alors, cela a ravivé mon envie d’enfance : partir vers des mondes inexplorés, et surtout en partager les découvertes. Un explorateur ne voyage pas pour lui, mais au service de la science. Ce métier n’a de sens que parce qu’on va chercher des choses nouvelles, et qu’on les partage. Il faut que ceux qui arrivent après nous repartent de là où on s’est arrêtés.
Avez-vous risqué votre vie ?
Christian Clot : Au Chili, en traversant le désert, je me suis déshydraté. J’ai eu des douleurs, parmi les pires de ma vie.
Pour être explorateur, il faut être bon en quoi ?
Christian Clot : D’abord, il faut être curieux, c’est la qualité numéro 1. Ensuite, il faut apprendre à parler des langues étrangères et acquérir des connaissances, au moins dans une science. Moi, par exemple, je me suis spécialisé en géographie, et j’ai beaucoup de livres de chimie et de physique. Troisièmement, il faut apprendre à progresser dans des milieux difficiles car les milieux accessibles ont déjà tous été explorés. Il faut donc connaître les règles de sécurité pour pénétrer dans la jungle, escalader les glaciers…
Et pour faire partager son expérience…
Christian Clot : Il faut savoir écrire ou faire des films ou quoi que ce soit d’autre, et il faut pouvoir communiquer. C’est très important. Et puis, ensuite, il faut apprendre à monter un projet : trouver des sous, du matériel, recruter une équipe, etc.
Donc, il faut être très carré !
Christian Clot : Oui, très carré ; mais il faut aussi rêver, et se montrer toujours très respectueux des gens et de la nature.
Comme les explorateurs d’autrefois, avez-vous découvert de nouvelles espèces ?
Christian Clot : Oui, j’ai découvert des insectes, notamment. J’ai aussi étudié la façon dont les hommes s’adaptent à un milieu, comme par exemple les glaciers ou les régions de très haute montagne.
Et en ce moment quel est votre terrain d’exploration ?
Christian Clot : Le cerveau, ce territoire encore méconnu ! Eh oui, j’étudie comment notre cerveau réagit dans des situations difficiles, dans des milieux très hostiles. Au fil de mes expéditions, je mène des expériences qui montrent que le cerveau est capable de performances incroyables et qui pourront, je l’espère, aider les gens victimes de traumatismes.
Pour conclure, quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?
Christian Clot : Toujours aller de l’avant, explorer, rester ouvert, car c’est le meilleur moyen de lutter contre la peur et l’ignorance. Et puis, aussi, il faut changer notre regard sur le monde. Il y a plein de merveilles autour de nous. Il faut juste apprendre à les voir…

(*)Moi explorateur, Christian Clot, éditions Glénat jeunesse.