1jour1actu : Qu’est-ce qu’une langue régionale ?

Lionel Buannic : C’est une langue différente du français, parlée dans une région. On trouve notamment le breton, le basque, le catalan, l’occitan, le flamand, le corse, l’alsacien, le francique. Sans oublier les langues des îles françaises telles que le polynésien ou le créole. Comme le français, elles ont leur propre grammaire, leur vocabulaire et leur conjugaison. Et leur littérature avec des poèmes en breton ou des romans en alsacien ! C’est une véritable culture. Sans ça, il n’y a pas de langue.

Les utilise-t-on encore aujourd’hui en France ?

Lionel Buannic : Oui, il y a même des écoles qui les enseignent comme les diwan en Bretagne ou les calandretas dans le Sud-Ouest. Mais leur utilisation est aujourd’hui minoritaire, alors qu’il y a encore un siècle, c’était la langue de tous les jours dans certaines régions. Seulement voilà, quand l’école est devenue obligatoire à la fin du 19e siècle, tous les élèves ne devaient parler que le français. Si on utilisait le basque ou l’occitan, par exemple, on était puni ! L’idée était d’avoir une République unie. Aujourd’hui, c’est très différent : la France veut préserver ses langues régionales.

Quel est, selon vous, l’intérêt de les sauver ?

Lionel Buannic : C’est de ne pas imposer une langue à une personne qui veut garder sa propre langue. Il faut respecter cela, c’est essentiel. C’est aussi une question de diversité culturelle : chaque langue apporte un regard différent sur le monde. Ainsi, quelqu’un qui parle à la fois français, corse et anglais sait qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voir les choses, et ça, c’est une véritable richesse.

À quoi va servir le débat qui a lieu à l’Assemblée nationale ?

Lionel Buannic : À ratifier la charte européenne des langues régionales qui existe depuis 1992 et qui défend ces langues. Beaucoup de pays l’ont déjà fait. Ce n’est pas le cas de la France qui n’a qu’une langue officielle, le français. C’est pour cela que, par exemple, nos papiers administratifs ne peuvent être rédigés qu’en français. C’est la loi. Si notre pays ratifie la charte, les langues régionales seront vraiment reconnues.