1jour1actu : Sait-on comment l’épidémie a redémarré en Chine ?

Anne Sénéquier : Au début du mois de juin, des personnes se sont fait infecter sur un marché de Pékin, l’un des plus gros d’Asie, où travaillent 10 000 personnes. On a trouvé des traces de virus sur une planche servant à découper du saumon qui proviendrait d’Europe.

Est-ce que cela signifie que ce virus venait d’Europe ?

Anne Sénéquier : Ce qui est sûr, c’est que le virus retrouvé sur la planche à saumon ressemble à celui qui circule en Europe. Pour bien comprendre, il faut savoir qu’un virus voyage en passant de personne à personne. À chaque fois, il garde un petit souvenir de cette personne (du matériel génétique). C’est comme ça que l’on peut retracer son voyage. Ce virus est passé par l’Europe, mais on ne peut pas dire aujourd’hui s’il vient du poisson ou d’un employé ayant travaillé sur le marché au stand de poisson.

Le nombre de malades reste faible. Pourquoi la Chine prend-elle des mesures si strictes, comme la fermeture de toutes les écoles à Pékin ?

Anne Sénéquier : Parce que ce pays a été très critiqué au début de la crise pour n’avoir pas pris la mesure du problème. Il est suspecté d’avoir menti sur le nombre de morts. Or, en imposant un confinement sévère, en construisant des hôpitaux en quelques jours, en distribuant des masques à un nombre très important de pays, la Chine a voulu rattraper son retard. Et montrer qu’elle était une super-puissance. Donc pas question que l’épidémie revienne. Sa réputation mondiale est en jeu ! 

Peut-on vraiment craindre une forte augmentation du nombre de cas en Chine ?

Anne Sénéquier : Oui, car pour être protégée du virus, une population doit compter un nombre suffisant de personnes ayant été infectées. Un organisme infecté développe ses propres défenses. Plus il y en a, plus grande est la résistance collective au virus. Or, le nombre de personnes infectées reste faible, rapporté à la population gigantesque de Pékin. D’où le confinement strict imposé de nouveau : une sortie autorisée une fois tous les quatre jours seulement.

Propos recueillis par Catherine Ganet