« D’abord, le requin m’a happé la jambe en m’entraînant au fond de l’eau. Là, je me suis débattu en lui donnant un coup de poing sur le museau, raconte Laurent Chardard. Je suis remonté sur ma planche mais il est revenu pour m’attraper le bras. Là, je lui ai mis un coup de pied. Mais, c’était trop tard… », explique Laurent.

Rebondir malgré le drame

Mais ce droitier rebondit très vite : « En fait, je n’aurais pas dû aller surfer à cet endroit, que je savais infesté de requins. Tout est de ma faute. L’admettre tout de suite, au lieu de me trouver des excuses puis pleurer sur mon sort, m’a aidé à aller de l’avant… »
Pour apaiser ses douleurs, Laurent Chardard se détend dans la piscine de l’hôpital : « Avant l’accident, j’étais tout le temps en mer, à pratiquer tel ou tel sport. Mais je ne savais pas correctement nager. Là, j’ai découvert la natation, un vrai sport très technique. Très vite, un entraîneur m’a trouvé doué et suggéré de nager en compétition avec les handicapés. »
En deux ans, le Réunionnais étonne et devient un nageur de haut niveau : très vite médaillé mondial et européen en dos, nage libre et papillon.

Toujours surfeur mais aussi skateur, plongeur, apnéiste, cycliste, joueur de rugby et bientôt escrimeur…

Ingénieur de formation, Laurent Chardard continue à passer sa vie dans l’eau, entre mer et piscines : « J’ai fait des inventions pour moi, en me fabriquant mes propres prothèses (bras et jambe) pour pratiquer le surf, le bodyboard, la chasse sous-marine, la plongée, l’apnée pour travailler mon souffle, la musculation, le cyclisme, le rugby subaquatique, le skate pour travailler mon équilibre, bientôt le kitesurf et l’escrime. J’ai une trentaine de prothèses, au total. »
Le 30 août 2021, Baby Shark (son surnom, qui signifie « Bébé Requin » en anglais) est arrivé 4ème sur 50 mètres papillon aux Jeux paralympiques, le jour même de ses 26 ans…
 

Sophie Greuil